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J’ai déjà vu cela, je ne sais pas où !
J’ai déjà vu cela, je ne sais pas où !

Ce mois-ci, nous vous présentons deux courtes histoires intitulées J’ai déjà vu cela, je ne sais pas où ! Les rêves prémonitoires nous avertissent souvent d’évènements funestes afin de nous préparer à traverser de nouvelles épreuves. Ils arrivent parfois qu’ils préfigurent juste l’avenir.

Le chanoine Garnier, prêtre du diocèse de Langres, raconte :

Le rêve

C'était en 1846, la deuxième année de mon grand séminaire. Une nuit, pendant mon sommeil, je voyageai en esprit. La route que je suivais, blanche, unie et bordée d'arbres, assez distants les uns des autres, semblait descendre des flancs d'une montagne en pente douce et gagner une plaine s'étendant à perte de vue. Le soleil s'abaissait vers l’horizon entre quatre et cinq heures du soir, et versait sa paisible lumière sur la campagne, avec des nuances plus faciles à imaginer qu'à décrire.
Je me trouve arrêté tout à coup, sans savoir ni pourquoi ni comment, à un endroit où une autre route coupe à angle droit celle que je suis. Il n'y avait pourtant rien d'extraordinaire qui pouvait captiver le regard du voyageur, ni même attirer son attention. Cependant, je me vois encore là arrêté, droit comme une statue, contemplant avec une satisfaction spéciale, pas grand-chose, une de ces scènes champêtres qu'on voit tous les jours.
A gauche, je remarque que la route coupe la mienne, contourne la montagne, où, par conséquent, on avait élevé un petit mur d'un mètre à peu près, qui longeait la route pour soutenir la terre. Le long de ce mur étaient plantés trois gros arbres qui donnaient un épais ombrage.
A trente pas environ du point où j'étais sur la route, en face de moi, dans une cour bien nivelée, s'élevait, tout contre la route, une maison, assez coquette blanchie à la chaux, et bien ensoleillée. L'unique fenêtre, située du côté de la route, était ouverte : derrière la fenêtre était assise une femme bien habillée, quoique simplement. Le rouge dominait parmi les couleurs voyantes de son vêtement. Sur sa tête était un bonnet blanc d'étoffe très légère percée à jour, dont la forme m'était inconnue. Cette femme paraissait avoir une trentaine d'années.
Devant elle, debout, se tenait une jeune fille de dix à douze ans que je pris pour la sienne, car elle regardait attentivement sa mère qui tricotait et lui apprenait son métier : elle était en cheveux et sans chaussures, habillée à peu près comme la maman. A côté de la jeune fille, trois enfants se roulaient par terre ; un petit garçon qui pouvait avoir de quatre à cinq ans, se tenant sur ses genoux et montrant un objet à ses deux petits frères moins grands que lui, pour les amuser. Ceux-ci étaient à plat ventre devant leur ainé, tous trois absorbés dans leur admiration. Les deux femmes m'avaient jeté un rapide coup d'œil quand elles m'avaient aperçu campé sur la route et dirigeant mes yeux de leur côté ; elles n'avaient pas bougé. C'est qu'elles voyaient souvent passer des voyageurs. Un chien, assez gros, était étendu de tout son long à côté d'eux, et de temps en temps se grattait pour mettre les puces en déroute.
Par la porte grande ouverte, je pus voir autour d'une table, au fond de la pièce, trois hommes assis sur des bancs, deux d'un côté et un de l'autre, jouant et buvant. Ils avaient l'air d'être des ouvriers occupés dans le voisinage. Ils portaient le tablier de toile, le chapeau noir pointu des Abruzzes. De l'autre côté, à droite, trois moutons broutaient de l'herbe peu appétissante ; pour passer le temps, ils se donnaient des coups de tête par amitié. A côté, deux chevaux, un roux et un blanc, attachés au mur.
Un joli petit poulain allait çà et là, pour se distraire, et se dirigea vers la table des joueurs, sans doute pour prendre une leçon et leur friser les cheveux avec son museau. Le jeune innocent reçut une bonne gifle pour sa récompense. Je remarquai encore quatre ou cinq poules et un coq d'assez belle taille, orné d'une magnifique queue dont les plumes vertes et noires ornent les casques des bersagliers italiens. Ces pauvres volatiles cher¬chaient leur pitance dans la cour dont l'herbe desséchée par le soleil cachait à peine la blanche poussière. Tel est le modeste paysage que je contemplai, tout à fait content, l'espace de dix minutes, peut-être, et qui disparut soudainement comme il était venu.

Le voyage

En 1849, je me payai, avec deux amis, un voyage en Italie. On descend sur Marseille, puis Gênes, une escale à Livourne, Sienne, Florence, puis on marche sur Rome. Nous traversons un hameau des Apennins avec cinq forts chevaux qui tirent un coche et font retentir leurs mille grelots. Le postillon habillé d’un chapeau d'Afrique claque du fouet sempiternellement à se démancher le bras, il fait sortir les curieux dans la rue et expose sa vaillance aux yeux de la multitude. On n'a pas le temps d'admirer assez nos seigneuries ; notre carrosse ne marche pas, il vole.
Mais, au sortir de la cité, toute ardeur disparaît, nous tombons dans le calme plat, nous atteignons la crête de la montagne. On s’arrête cinq minutes. Quatre fiers cour¬siers remplacent nos rossinantes, et, fouette cocher, la voiture vole avec la poussière et nous descendons comme un ouragan, en recommandant notre âme à Dieu. Ce n'était pas de trop, car j'ignore comment nous avons fait pour nous retrouver avec tous nos membres après une course de casse-tout. Enfin la voiture prend une allure raisonnable et ar¬rive à un relai sans avarie.
Pendant cet arrêt, je regarde par la portière et, subitement, la sueur me prend, mon cœur bat le tambour, et je porte machinalement la main à ma figure, comme pour ôter un voile qui me gêne et m'empêche de voir ; je frotte mon nez, mes yeux, comme l'endormi qui se réveille brusquement après un songe. Je crois rêver, vraiment, et cependant mes yeux sont bien ouverts, je m'assure que je ne suis pas fou, ni la victime d'une illusion toute singulière. J'ai devant les yeux le petit paysage que j'avais vu en rêve jadis. Rien n'a changé !
La première pensée qui me vient après avoir repris mon bon sens un instant troublé, c'est celle-ci : j’ai déjà vu cela, je ne sais pas où, mais j'en suis bien sûr, c'est certain. Pourtant jamais je ne suis venu ici, puisque c'est la première fois que je viens en Italie. Comment cela se fait-il ?
Voilà bien les deux routes qui se croisent, le petit mur qui soutient les terres du côté de la cour, les arbres, la maison blanche, la fenêtre ouverte ; la mère qui tricote et la fille qui regarde, les trois bambins qui s'amusent avec le chien, les trois ouvriers qui boivent et jouent, le poulain qui va prendre une leçon et reçoit une claque, les deux chevaux, le mouton, rien n'est changé : les personnages sont les mêmes exactement tels que je les ai vus, comme je les ai vus, faisant les mêmes choses, dans la même attitude, avec les mêmes gestes, etc.
Comment tout cela s'est-il fait ? Je n'en sais absolument rien ! Mais le fait est certain, et depuis 50 ans, je me le demande ? Mystère ! 1° j'ai vu en rêve, et 2° j'ai vu en vraie réalité, trois ans après.

André Saurel raconte :

Le rêve

En 1911, je me trouvai, en rêve, dans un paysage nouveau, en pays que je sentais inconnu. Sur une petite éminence, aux molles courbes couvertes de fraîches prairies, je voyais un grand bâtiment d'aspect médiéval, moitié gentilhommière, moitié ferme fortifiée. De grands murs entouraient la construction de leur ceinture ininterrompue et patinée par les autans. Quatre tours massives et peu élevées en flanquaient les angles. Devant la partie principale et dans la prai¬rie, coulait un joli ruisseau aux eaux limpides et babil¬lardes. Des hommes, des soldats plutôt, y puisaient de l'eau. D'autres allumaient des feux non loin des faisceaux de fusils rangés le long des murs. Ces hommes étaient revêtus d'un bizarre uniforme bleu pâle que je ne connaissais pas, et portaient un casque qui me parais¬sait de forme étrange.
Je me voyais vêtu, moi-même, d'un uniforme d'offi¬cier et donnait des ordres pour le cantonnement. Par un de ces phénomènes que beaucoup de personnes ont éprouvés, je pensais, tout en vaquant à ces occupa¬tions : « Quelle drôle de situation ! Pourquoi suis-je ici et dans ce costume ? »
Ce rêve m'ayant laissé, au réveil, une impression nette et précise, je ne laissai pas d'être intéressé par l'absence de ces détails incohérents ou ridicules qui peuplent notre sommeil et par cette apparence d'har¬monie et de logique dans l'absurde, car absurde m'ap¬paraissait cette situation d'officier dans cette armée inconnue.

Le ruisseau

Or la guerre, qui bouleversa tant d'existences, fit de moi, après une série d'avatars, un lieutenant, d'in¬fanterie. Mon régiment se trouvait, en 1918, au repos à l'arrière-front, dans l'Aube. J'y conduisais mes recrues de la classe 1919.
Depuis le petit jour, le bataillon marchait. La chaleur, qui pâlissait le vert tendre des grands seigles, se faisait durement sentir à mes pauvres bleuets. Le nuage de poussière soulevé sur la route par les milliers de pieds alourdis, ne me permettait pas de voir où nous étions. Je reçus l'ordre de faire la grande halte sous les murs du château qui se trouvait, me dit le fourrier, à deux cents mètres sur la droite. Après avoir donné des ins¬tructions aux chefs de section, j'allai rejoindre le chef de bataillon. Quelques minutes après, je retrouvai ma compagnie au détour de l'allée de peupliers qui me masquait le château.
Le paysage apparu, après le dernier arbre interposé, me frappa immédiatement. C'était la prairie en pente douce, toute parée des fleurs que juin répand partout ; les murs et les tours, tout était exactement semblable à ce que j'avais vu, sept ans auparavant, dans mon rêve. Il manquait cependant le joli et bruyant ruisseau et la porte monumentale. Comme je constatais cette différence entre le rêve et la réalité, un adjudant vint me demander :
- Où la corvée devait aller prendre de l'eau ?
- Mais, au ruisseau, répondis-je en riant.
Le sous-officier me regardait étonné. J'ajoutai :
- Oui ! S’il n'est pas de ce côté, il est, pour sûr, de l'autre côté de la construction. Venez avec moi.
Ayant doublé la tour de l'angle nord, j'aperçus, sans étonnement, le gai ruisseau courant sur les pierres moussues et, vers le milieu du mur, la grande porte, telle que je l'avais vue, en rêve, avec ses piliers de vieilles briques. Les deux sections de tête avaient déjà résolu le pro¬blème de l'eau, les faisceaux étaient formés aux pieds des murs à l'ombre desquels beaucoup de mes hommes goûtaient déjà le repos tant désiré. Le tableau ainsi formé était celui du rêve de 1911.
Rien de sensationnel ne devait se passer en ces lieux ; ce rêve ne constituait donc qu'une vue saisissante dans l'avenir, me montrant notamment ma future situation d'officier, impossible à conjecturer en 1911.