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Ecriture
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Ce mois-ci, nous vous présentons Le cas de Svens Stromberg obtenu par la médiumnité de Mrs d’Espérance. C'est l'histoire d'une manifestation obtenue par le médium Madame d’Espérance ; son esprit-guide « Walter » lui transmet le message d'un esprit mort loin de sa famille et qui désire manifester sa présence... Une preuve d'identité extraordinaire. Le récit de ce fait très intéressant a paru d’abord (1893) dans les Revues métapsychiques suédoises, allemandes, françaises, canadiennes ; le principal investigateur du cas considéré, M. Filder, en a publié un compte rendu dans la revue anglaise The Médium and Daybreak.

 Madame d'Esperance

Le 3 avril 1890, à 10 heures du matin, je me trouvais à mon bureau, occupée à écrire plusieurs lettres d’affaires qu’il fallait expédier avant midi. J’avais daté une feuille de papier et tracé l’en-tête ; puis je m’étais arrêtée pour m’assurer de l’orthographe d’un nom. Lorsque je remis les yeux sur la feuille, je m’aperçus que ma plume ou ma main avait écrit spontanément et avec de grands caractères les mots « Svens Stomberg », de manière à rendre cette feuille inutilisable. C’était sans doute un nom suédois, bien qu’il fût absolument inconnu. Un peu contrariée, car il me restait beaucoup à écrire avant l’heure du courrier, je mis la feuille de côté et j’en commençai une autre, oubliant l’incident jusqu’au moment où, ma correspondance achevée, je voulus mettre les papiers en ordre, et où la feuille portant le nom étranger me tomba sous les yeux. Cette fois, j’arrêtai sur elle mon attention et me demandai aux employés s’ils ne connaissaient point quelqu’un du nom de Svens Stromberg ; mais la réponse négative fut générale. Plus tard, en écrivant mon habituel rapport journalier pour M. Fidler, qui se trouvait en Angleterre, je fis allusion à l’incident. Ce rapport fut, comme d’habitude, reproduit au copie de lettres, circonstance que je crois devoir rapporter, parce qu’elle établit exactement la date de cet incident et la rend incontestable. La copie de lettres, ainsi que la feuille sur laquelle le nom fut écrit, ont été conservés.

Deux mois après, M. Alexandre Aksakof, le professeur Boutleroff et d’autres amis russes vinrent nous trouver. M. Fidler était également rentré d’Angleterre, et nous discutions entre nous des meilleurs moyens d’obtenir des photographies de fantômes matérialisés.
« Walter », notre esprit-guide, se disait désireux de nous donner son assistance, et nous discutions journellement avec lui à ce sujet. Dans une de ces séances préliminaires, « Walter » écrivit :
« Il y avait ici un esprit qui a dit s’appeler Stromberg, lequel désirait que ses parents fussent informés de sa mort. J’ai oublié de vous le dire avant. Il me semble qu’il a dit être mort dans le Wisconsin, le 13 mars, et être né à Jemtland. Ce pays existe-t-il ? De toute façon, il est mort, et désire que ses parents le sachent. Il était marié et avait une douzaine d’enfants. »
Ce message n’intéressa pas beaucoup les assistants, à l’exception de M. Fidler, qui observa :
« Qui sait s’il ne s’agit pas de ce même Stromberg qui écrivit son nom, il y a plusieurs mois, sur une feuille de papier de mon bureau ! S’il est mort à Jemtland, qu’il nous fasse le plaisir de nous donner l’adresse de sa femme. »
Il fut répondu : « Non, il est mort en Amérique, et ce sont ses parents qui vivent à Jemtland ».
« C’est bien, répliqua M. Fidler ; donne-moi l’adresse de ces derniers, et j’écrirai. »

Le lendemain, les préparatifs pour les séances projetées furent terminés ; mais à cause de l’heure avancée personne ne songeait à faire une séance ce jour-là. Cependant le professeur Boutléroff, auquel était confié le rôle de photographe, exprima le désir d’essayer l’intensité de la lumière, afin d’en constater l’effet ; nous entrâmes donc tous dans la salle des séances, pour assister à l’essai.
Lorsque tout fut prêt, le professeur Boutléroff pria de me mettre à la place qui m’était réservée, en face de l’appareil, de telle façon que mes traits puissent être fixés sur la plaque ; ce que je fis, tandis que les autres restèrent avec le professeur. On éteignit la lumière, on découvrit la plaque et l’on mit le feu au magnésium. Dans cette fraction de seconde, j’avais senti nettement un contact à la tête, mais avant que je puisse le déclarer, quelqu’un s’écria :
« Il y avait un homme derrière vous !
« Je l’ai vu aussi !
« Et moi aussi, s’écrièrent les autres.
Je fis savoir à mon tour que j’avais ressenti un contact, mais sans rien voir.
Naturellement, nous attendîmes avec impatience le développement de la plaque et l’épreuve que l’on en tira : or, c’était vrai ! Derrière moi apparaissait dans la photo une tête d’homme à l’aspect placide et serein, contrastant avec mes propres traits bouleversés par l’éclair du magnésium.
Tandis que les autres continuaient à s’occuper des préparatifs des séances, M. Fidler demanda à « Walter » s’il ne pouvait pu lui apprendre quelle était cette entité photographiée.
« Oui, nous répondit Walter, c’était ce Stromberg dont je t’ai parlé. Je dois même te dire qu’il n’est pas décédé dans le Wisconsin, mais à New Stockholm, et que la date de sa mort est le 31 mars, et non le 13. Je me rappelai qu’elle contenait le 3 et le 1, mais j’ai inverti les chiffres en te les rapportant. Ses parents habitaient à Strom Stocking, ou un nom de ce genre, dans la province de Jemtland. Il a dit, à ce qu’il me semble, qu’il émigra en 1886, qu’il se maria et qu’il eut trois fils, et non six. Il mourut aimé et pleuré de tous.
« C’est très bien, répliqua M. Fidler ; maintenant veux-tu me dire ce qu’il désire ? Dois-je peut-être envoyer sa photographie à sa veuve ?
« Tu n’a pas encore bien compris, lui répondit Walter ; j’ai bien dit que ce sont ses parents de Jemtland qui ignorent son décès, et non pas sa femme ; et il désire qu’ils en soient informés, et qu’ils sachent qu’il est mort aimé et pleuré de tous.
« Vraiment observa alors M. Fidler, ce serait donc à la veuve qu’il conviendrait d’écrire ; mais de toute manière, puisque cela lui fait plaisir, j’écrirai, ou pour le moins je prendrai des renseignements à ce sujet.
« Je t’en remercie pour lui. Il m’a dit que tout le monde le connaît à son pays ; je m’imagine donc que si tu envoies la photographie au Jemtland, tu atteindras ton but. Envoies en aussi une épreuve à sa femme ; car le brave homme pense que ses parents recevront avec plaisir de ses nouvelles ».

Le lendemain, M. Fidler tint sa promesse et écrivit au pasteur de Strom, dans le Jemtland, demandant si un homme appelé Stromberg, émigré en Amérique, vers 1886 avait habité dans sa paroisse ; dans le cas affirmatif, il le priait de lui communiquer le nom et l’adresse de ses parents.
Puis, M. Fidler se mit à chercher dans les cartes géographiques la localité de New Stockholm, mais inutilement. Il alla se renseigner alors auprès de différentes agences d’émigration, mais toujours en vain. Enfin il écrivit à un ami. M. Ohlen, vice-consul à Winnepeg, au Canada, en lui racontant ce qui s’était passé et en le priant de lui dire s’il existait par là une localité de ce nom.
Peu de temps après l’envoi de cette lettre, arriva la réponse du curé de Strom qui disait avoir consulté les registres paroissiaux, et constaté que nulle personne de ce nom n’avait jamais habité le pays. Il informait cependant qu’un certain Svens Ersson s’était marié et était parti pour l’Amérique vers cette époque, qu’il y avait beaucoup d’autres Svens, mais qu’aucun d’eux ne portait le nom de Stromberg. Ces renseignements, joints au fait que personne ne connaissait l’existence d’un New Stockholm, et que ce lieu n’était pas marqué dans les cartes, paraissait montrer clairement que nous avions été mystifiés ; j’engageais donc M. Fidler à ne pas s’occuper davantage de ce cas.
Quant à la lettre au consul Ohlen, elle était partie et l’on ne pouvait pas la rattraper.
Du temps se passa. Un matin le courrier apporta un journal canadien. En le parcourant, les yeux de M. Fidler tombèrent sur les mots « New Stockholm, en tête d’un article signé « A. S. »
Il écrivit immédiatement à l’auteur de l’article, adressant la lettre au directeur du journal, avec prière de la faire parvenir au destinataire. Dans cette missive, il demandait des informations sur un certain Sven Stromberg, décédé à New Stockholm au cours du printemps 1890.

En attendant, le consul Ohlen avait reçu la lettre de M. Fidler, et bien qu’il ne fût ni spirite, ni bien disposé envers qui l’était, il s’était prêté à faire des recherches pour satisfaire son ami. Une correspondance active s’engagea entre eux, correspondance qui aboutit à l’arrivée en Suède du consul Ohleu, désireux de tirer les choses au clair. Pendant ce temps, ce M. « A. S. » auquel M. Fidler avait écrit, fournissait, lui aussi, des renseignements et des données importantes. Voici enfin le résumé de ce que l’on parvint à apprendre.

Svens Ersson, natif de Strom Stocken, paroisse de Strom, dans la province de Jemtland, en Suède, s’était marié avec Sarah Kaiser, avait émigré au Canada et, une fois établi là, avait pris le nom de Stromberg. Cette dernière circonstance est assez commune parmi les paysans de la Suède, dont les familles ne portent pas de noms qui leur soient propres ; c’est-à-dire que si, par exemple, un paysan nommé John a un fils qu’il appelle Charles, celui-ci est désigné par le nom de Charles Johnson (fils de John) ; s’il lui naît au contraire une fille qu’on nomme Marie, celle-ci ne sera pas désignée sous le nom de Marie Johnson, mais sous celui de Johnsdaughter (Marie fille de John). Or, comme cet usage n’est pas exempt d’inconvénients pour les Suédois établis à l’étranger, ceux-ci adoptent souvent un nom de famille. De sorte que Svens Ersson, établi au Canada, avait emprunté le nom de son pays natal comme nom de famille, en le faisant devenir Svens Stromberg. Là, il avait acheté des terres dans une région qu’on appela ensuite New Stockholm (en 1887) ; il eut trois fils, et mourut dans la nuit du 31 mars 1890. On consulta à ce sujet la femme du défunt, le médecin qui l’avait soigné et le pasteur qui assista à la mort. La femme et le pasteur dirent que l’un des derniers désirs exprimés par lui, avait été que ses parents et ses amis de Suède fussent informés de sa mort. Ce désir ne fut pourtant pas exaucé (bien qu’une lettre eût été écrite dans ce but), pour des raisons assez divers, dont la principale était que le bureau postal était éloigné de 24 milles…, et la lettre ne fut pas envoyée à destination. Toutefois la veuve, à cause du bruit soulevé par la lettre de M. Fidler et les personnes qui étaient venues la chercher, fut saisie par la crainte et le remords, et se rendit tout exprès à Whitewood pour expédier enfin la missive qui avait subi un si long retard.
Lorsque la lettre arriva à Strom, en Jemtland, le pasteur écrivit aussitôt à M. Fidler, pour relater les détails ci-dessus, détails que M. Fidler avait déjà obtenus du consul Ohlen, du pasteur canadien et de M. A. S.

En conclusion : d’après les rapports que je viens de citer, on peut constater que tous les détails communiqués médiumniquement étaient conformes à la vérité.
La photographie de Sven Stromberg fut identifiée à son tour auprès de ses nombreux concitoyens à Strom, où elle fut accrochée à la sacristie, avec invitation aux personnes qui reconnaissaient en elle le défunt d’y apposer leur signature. Elle nous fut finalement retournée avec de très nombreuses signatures et beaucoup de commentaires ; parmi ceux-ci, plusieurs se rapportaient à la moustache qu’il portait sur sa photographie, et qu’il n’avait pas lorsqu’il avait émigré, très jeune encore.
Toute l’enquête sur le fait avait pris un an à M. Fidler, mais en récompense, elle avait été couronnée d’un plein succès. Toutes les correspondances, ainsi que les certificats, les documents, les attestations signées des différentes personnes impliquées dans cette enquête, en Suède comme au Canada, furent soigneusement gardées, et après le décès de M. Fidler, passèrent entre mes mains.
On apprit par l’enquête que la station postale la plus proche de New Stockholm est Whitewood, à vingt-quatre milles de distance ; qu’il existe maintenant entre les deux pays un service hebdomadaire régulier, mais qu’avant 1890, le service était des plus irréguliers et des moins fréquents, et que le voyage pour se rendre à Whitewood devait être fait à pied ou à cheval ; que jusqu’en 1893, la plus proche station télégraphique se trouvait à 100 milles du pays, et qu’il n’y avait pas de chemin de fer ; circonstances qui écartent absolument toute possibilité que la nouvelle de la mort de Stromberg ait pu atteindre, par une voie normale, la Suède, dans l’intervalle de temps écoulé entre la mort et le message médiumnique.
Il reste donc acquis que 60 heures après sa mort, survenue à New Stockholm, dans le nord du Canada, Svens Stromberg écrivit son nom sur une feuille de papier, dans le bureau de M. Matthew Fidler, et dans la ville de Gothembourg, en Suède.
Svens Stromberg avait prospéré dans son pays d’adoption, et il était très fier de sa réussite ; il désirait donc que ses concitoyens apprissent qu’il était devenu, au Canada, un homme beaucoup plus considérable qu’il n’aurait pu le devenir dans son pays natal. Probablement ce désir, joint à un sentiment de nostalgie posthume, contribua à lui donner les énergies nécessaires pour accomplir sa tâche, et nous préparer, à nous, un an de travail, pour prouver d’une manière incontestable qu’il y était parvenu.

Les défenseurs de l’hypothèse spirite ont une dette de profonde reconnaissance envers M. Matthew Fidler, qui a étudié à fond, avec une ténacité admirable, ce cas très intéressant et justement célèbre, qui suffirait à lui seul à résoudre affirmativement la grande énigme de l’intervention réelle des décédés dans les manifestations médiumniques. Il suffirait à la résoudre, grâce aux circonstances de temps et de lieu où il s’est déroulé, si on les rapproche de la personnalité absolument ignorée et très obscure du défunt qui s’est manifesté, et des modalités complexes et fort éloquentes qui permirent de confirmer tous les détails de l’événement ; enfin, si l’on tient compte que le phénomène de matérialisation s’y trouve relié, d’une manière indissoluble, aux messages médiumniques qui l’ont précédé et suivi. Tout cela constitue un ensemble de preuves convergentes vers la même démonstration, qui est celle de la pensée réelle sur place du décédé communicant, ainsi que d’autres personnalités spirituelles qui contribuèrent à la manifestation.

Tiré de l'ouvrage d'Ernest Bozzano : "A propos de l'introduction à la métapsychique humaine"