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 Sir Arthur Conan Doyle
Sir Arthur Conan Doyle

Ce mois-ci, nous allons vous parler d’un grand spirite et d'Un grand écrivain spiritualiste, Sir Arthur Conan Doyle et pour cela, nous laissons la parole à Gaston Luce, un autre spirite. Cet article est tiré de la Revue Spirite de 1928.

 Sir Conan Doyle, son épouse et Jean Meyer

C'est une figure bien originale que celle du grand écrivain spiritualiste anglais Sir Arthur Conan Doyle, originale et prenante à la fois. Rien de l'homme de lettres tel que nous le concevons communément chez nous : celui-ci n'a jamais séparé la pensée de l'action. Il prétend vivre sa vie dans toute sa plénitude avant de nous faire part de ses réflexions, et comme la destinée lui a permis de voir beaucoup de choses, dans son enquête incessante sur les sujets les plus divers, il a beaucoup appris, — d'où l'intérêt puissamment varié de ses ouvrages. Au physique, c'est un bon géant d'allure flegmatique, type assez commun dans la vieille Angleterre, mais ici, ce flegme est le masque d'une nature riche qui se veut disciplinée. En lui semble dominer le caractère breton insulaire plutôt que l'anglo-saxon, et peut-être est-ce à cause de cela que nous le sentons plus proche de nous.
Depuis sa jeunesse, Sir Conan Doyle cultive les sports en bon Anglais, sans en excepter aucun. Le football, le cricket, la boxe, le golf — surtout le golf - n'ont point de secrets pour lui. Il les a longuement pratiqués sans jamais cesser de s'y intéresser. Dans un de ses tout premiers livres, il nous conte, avec une visible complaisance, les exploits athlétiques d'un ami d'études qui est un bien amusant bonhomme. La scène de boxe qui figure dans sa pièce de théâtre : « La Maison de Temperley » fit sensation à l'époque, parce qu'elle permit aux ladies d'assister à un match dans l'époque où les usages les tenaient éloignées du ring. Afin d'être un sportsman complet, Sir Conan Doyle a tenu à emprunter indistinctement, selon l'occasion, les moyens de locomotion les plus variés, sans négliger, bien entendu, l'aérostat et l'avion. Et ceci nous montre à quel point cet écrivain tient à embrasser toute la vie moderne.
Grand voyageur devant l'Eternel, il a parcouru, nous croyons bien, tous les lieux habités de notre chétive planète : l'ancien, le nouveau monde et le continent australien, afin de mieux connaître le curieux bipède que nous sommes, car rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Et c'est sans doute de cette longue et minutieuse enquête que lui est venue sa grande tendresse et sa grande pitié pour ses frères de toutes couleurs, même quand ils en sont le plus indignes.
« Quand vous voyez le voile de cruauté sous lequel un être se montre, écrit-il, essayez de regarder travers lui, et vous pourrez souvent surprendre la lumière d'un très simple et tendre visage qui se cache ». (La tragédie de Korosko.)

Nous voici mieux à même de comprendre le fond du tempérament et du caractère du brillant écrivain que nous allons suivre maintenant à travers les épisodes principaux de sa féconde carrière.
Sir Arthur Conan Doyle est né à Edimbourg, en 1859, dans une famille bourgeoise libérale où le sens artistique semble héréditaire, si l'on veut bien considérer que l'aïeul, John Doyle, était, en son temps, caricaturiste politique de grand style, que ses quatre fils peignaient avec un réel talent et que le père de Conan, Charles Doyle en particulier, fut un aquarelliste d'une virtuosité et d'une grâce des plus originales. Il convient de noter ici qu'à ces dons agréables, celui-ci alliait, le plus souvent, un sens dramatique d'une nature particulière — justement ce sens du fantastique, du terrible et du bizarre que nous remarquons chez le romancier de Sherlock Holmes comme étant sa qualité dominante.
Un de ses biographes nous apprend que sa vocation littéraire se dessina dès sa plus tendre enfance. A six ans, paraît-il, le petit Doyle écrivait des histoires qu'il illustrait à sa façon. Même en faisant la part de l'humour, c'est un cas des précocité des plus admirables.
Malgré des dons si évidents, la famille Doyle ne destina point l'écrivain en herbe à cette carrière ingrate ; elle le dirigea vers la médecine. Il fit de bonnes études à l'Université d'Edimbourg ; en 1881, il les terminait avec le grade de docteur. Après un court voyage dans l'Est africain, il commença d'exercer son art à Southsea.
Doué d'une grande puissance de travail, le jeune praticien occupait ses loisirs à écrire. La vocation du début s'affirmait avec force. Dès 1878, alors qu'il n'était encore qu'étudiant, n'avait-il pas fait un début honorable dans « Chambers Journal », sous forme d'une copieuse nouvelle inspirée des moeurs primitives de peuplades sud-africaines ? Mais ce n'est que huit ou neuf ans plus tard que les premières aventures du célèbre « Sherlock Holmes » et « Le Docteur Watson » devaient paraître en librairie et attirer sur leur auteur l'attention du public et du monde lettré.
En 1890, le succès, un franc et complet succès, récompensait Sir Conan Doyle de son persévérant et magnifique effort. Il venait de donner « Micah Clarke » en plus des nouvelles aventures de Sherlock Holmes. Le jeune médecin romancier se décida enfin à quitter Southsea pour Londres où il se spécialisa comme oculiste, mais devant le triomphe éclatant de ses livres, il ne tarda pas à abandonner sa profession pour se consacrer exclusivement à la littérature qui, décidément, était son véritable domaine.
Avec les succès de librairie, la fortune était venue, les éditeurs se disputaient ses oeuvres. Il serait superflu d'en faire ici le dénombrement exact. Les aventures et les Mémoires de Sherlock Holmes sont les plus connues Outre-manche, mais des histoires comme le «Chien des Baskervilles, La Vallée de la Peur, La Main brune, Du Mystérieux au Tragique » jouissent en Angleterre d'une faveur continue. Ses romans historiques n'ont pas été moins bien accueillis : La Compagnie blanche (XVIIe), les Réfugiés, Micah Clarke (XVIIe), Bodmy Stone, Les Exploits du Brigadier Gérard, La Tragédie de Korosko, etc. de même que ces tranches de vie moderne qui sont le Paravent et le Pavillon vert.
Science, histoire, théâtre, critique, philosophie, poésie, il a tout abordé avec une maîtrise et une pénétration des plus rares. Mais là ne s'est point bornée son activité, il s'en faut. Cet écrivain fécond a été encore un homme d'action, non point au sens ordinaire du mot, mais un champion de l'idée, un vrai chevalier. Pour la réhabilitation de Georges Edalji injustement condamné, il batailla de toutes ses forces et ne posa sa plume que lorsque l'innocence de la victime eut été reconnue.
A l'époque de la guerre des Bœrs, où il servit en qualité de médecin au Langman Field Hospital, il publia, en toutes langues et à ses frais, un courageux plaidoyer en faveur des armées britanniques, dont on avait perfidement calomnié les procédés de combat.
Quand le roi Léopold II accepta de coloniser le Congo en le laissant imprudemment aux mains d'abjects trafiquants, Sir Conan Doyle se rangea aux côtés des Morel, des Vandervelde, des Pierre Mille pour élever une protestation indignée contre le système barbare, stupide et odieux des spoliateurs et massacreurs de noirs. « Le Crime du Congo »parut en 1919. Sur la couverture du livre, un enfant nègre mutilé montre ses moignons, avec cette mention terrible : « comment vous nous protégez... » Cinq années plus tard, dès les premiers jours de la Grande Guerre, le hardi champion des races opprimées se mettait au service de son pays et partait en mission sur le front occidental des armées alliées. Ses impressions, réunies en fascicules, parurent en 1918. Nous y trouvons ces lignes qu'un ancien combattant de chez nous ne peut lire sans un sentiment de légitime fierté et aussi sans un remerciement ému à l'adresse du noble écrivain britannique :
« Les soldats français sont grands. Ils sont grands... il n'y a pas d'autre mot pour exprimer cela. Toutes les races montrent bien leur bravoure pendant la guerre. Mais il y a chez eux, en plus, leur persévérance, leur patience, leur noblesse. On ne peut concevoir quelque chose de plus délicat et beau que la conduite de leurs officiers. Elle est fière sans être arrogante, sévère et juste sans être violente ou cruelle. »

La «grande épreuve » devait marquer Sir Conan Doyle, comme tant d'autres, de son sceau cruel ? En 1918, l'Armistice étant signé, son fils aîné, Kinsley, mourait de la grippe espagnole. En qualité de médecin-major, le jeune homme avait fait toute la campagne sans blessure, et voici que la maladie le terrassait inopinément dans un hôpital de Londres, où il donnait ses soins. Le coup fut rude pour l'écrivain qui adorait — c'est le mot — ce fils, être d'élite aimé de tous ceux qui l'approchaient. Mais de cette douleur, qui demeure inconsolée, allait naître une foi splendide. L'amour de deux âmes indissolublement unies dans le temps allait, de son rayonnement sacré, dissiper le mystère de la mort et conférer l'initiation à celui qui, depuis sa jeunesse, semblait l'attendre. Tous ses doutes, ses incertitudes, ses inquiétudes, ses angoisses tombaient devant l'évidence des faits. Le fils retrouvé appelait le père à la véritable vie.
Rendons cette justice à l'écrivain qu'il n'hésita pas un seul instant. Comprenant qu'une mission nouvelle lui était dévolue, il s'y donna tout entier avec une ardeur sans défaillance.
Il serait superflu de rappeler ici la magnifique carrière spirite de l'auteur de la Nouvelle Révélation et du Message Vital. Tous les lecteurs de la Revue connaissent ces remarquables ouvrages d'une écriture si posée et si ferme, où d'une opinion lentement élaborée, la foi jaillit soudain dans sa plénitude.
Non content d'annoncer par l'écriture, « la vérité qui monte », Sir Conan Doyle est devenu conférencier. Les grandes capitales du monde l'ont entendu, les auditoires les plus variés sont venus l'applaudir et l'acclamer. Le paladin de la soixantaine a de nouveau ceint ses reins pour une nouvelle croisade : la croisade spiritualiste[1]. Rien ne compte que cela faire rayonner la lumière salvatrice sur tous les hommes. Il en est temps ; l'heure presse. C'est pourquoi nous ne nous étonnerons pas de voir notre propagandiste mettre les candidats aux élections générales en demeure de s'expliquer à ce sujet : « Nous pouvons, affirme-t-il, disposer de 250.000 voix, et nous voterons pour le parti libéral ou pour le parti travailliste si l'un ou l'autre nous promettent de faire supprimer l'amendement à la loi qui empêche aux médiums de travailler pour une cause aussi vitale que le spiritualisme et qui est plus importante que tout le reste au monde. » On a bien lu : spiritualisme d'abord !
Il y a lieu de douter que les professions de foi des députés portent mention de ces questions avant qu'une pesée suffisante de l'opinion ne les y contraigne, mais d'ores et déjà la question est carrément posée outre-Manche.
Il faut souhaiter que Dieu suscite, de par le monde, beaucoup de Conan Doyle.

La réputation du grand écrivain est maintenant à son apogée. Lors du Congrès de 1925, Paris lui avait fait, salle Wagram, l'accueil le plus chaleureux et le plus enthousiaste. Londres vient de l'acclamer et, avec le public anglais, les délégués de vingt-six nations. C'est un hommage mérité rendu au talent, au mérite qui est ici d'ordre exceptionnel, et nous y applaudissons sans réserve. Il est beau de monter ainsi toujours, sans ressentir, dans l'âme sans cesse rajeunir, les injures de l'âge.
Sir Arthur Conan Doyle nous offre ce magnifique et réconfortant spectacle d'une pensée lucide ouverte aux vents des cimes, d'une nature droite, bonne sensible en perpétuelle ascension. Tel, auprès d'une compagne digne de lui entourée de beaux enfants nous apparaît cet autre apôtre de l'idée en qui nous sommes heureux et fiers de saluer, comme en un autre Léon Denis, une brillante intelligence, un noble caractère et un grand cœur.

Gaston Luce

 

[1] Sir Arthur Conan Doyle s’est désincarné en 1930. Il a écrit également « Histoire du spiritisme », un ouvrage de références concernant l’apparition du spiritisme et les phénomènes qui ont eu lieu. Nous sommes actuellement en train de le numériser et vous pourrez prochainement le découvrir sur notre site en téléchargement.