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Bulletin 16 - Mars 2004
Bulletin 16 - Mars 2004
Sommaire

Editorial

Désincarné en 1928, Henri Sausse fait partie de ces lyonnais méconnus de nos jours et qui ont laissé leur empreinte dans le monde spirite. Ses recherches au sein du groupe" Amitié " et du groupe " Espérance " nous ont laissé des preuves irréfutables sur l'existence des Esprits.
Ses expériences sur le magnétisme ont ouvert des portes sur le monde spirituel et sur la connaissance des phénomènes. Pratiqué avec le concours de nos bienveillants frères spirituels, sans lesquels toute production de résultats serait impossible : mis en œuvre dans un but d'amour et de charité, avec des intentions pures et une foi inébranlable, le magnétisme du bien dénoue les liens de nos âmes et les met en relation avec les nobles vibrations des Esprits supérieurs.
Quand on considère toute la puissance du magnétisme curatif et les services qu'il peut rendre à tous ceux qui souffrent, pourquoi garder dans l'oubli le fruit de ces recherches et l'expérience acquise ? Nos illustres prédécesseurs seraient honorés de voir de nombreux spirites suivre leurs traces et continuer le travail qu'ils ont commencé.

Gilles

Spécial : Henri Sausse

« Il est un fait pour moi incontestable, c’est que si les ouvrages d’Allan Kardec étaient lus plus souvent, plus sérieusement, ils seraient mieux compris, leurs enseignements mieux observés et ils seraient appréciés à leur juste valeur par des détracteurs qui ne les dénigrent que parce qu’ils les connaissent mal ou même ne les connaissent pas du tout. » Henri Sausse

Pour quiconque s’intéresse à l’histoire du Spiritisme à Lyon, il est un nom inévitable : celui d’Henri Sausse.

Fidèle disciple d’Allan Kardec, il consacra toute sa vie, toute son énergie à défendre et à diffuser cette doctrine qui lui était si chère. A travers des recherches historiques sur le Spiritisme Lyonnais, je me suis vite attaché à ce personnage, à sa persévérance, à son action continue. Sa vie est le reflet de la foi inébranlable qui animait son âme.
Foi qui fût le phare du Spiritisme Lyonnais et le moteur de la Fédération Spirite Lyonnaise. Il y a plus de soixante ans que la Fédération a disparu. Seuls quelques vieux livres, quelques citations éparses, témoignent encore de la vie exemplaire de cet homme. Ce sont ces quelques anecdotes que nous avons voulu vous présenter ici à défaut de biographie plus conséquente.

 Henri Sausse

Henri Sausse est né le 6 mai 1851. C’est à l’âge de 16 ans qu’il devînt spirite. Il raconte cette même année, sa première anecdote spirite :
« C’était en 1867, un soir d’hiver ; nous étions autour du feu, mon Père, ma Mère, mon Frère et moi quand se produisit dans la cheminée, une détonation semblable à celle d’une arme à feu. Ma Mère sursaute et mon Père lui dit : « De quoi as-tu peur ce sont nos morts qui manifestent leur présence », et j’ajoutai : « Eh bien si ce sont nos morts qu’ils recommencent ». Au même instant deux bruits se produisent ; l’un venant de la cheminée et semblable au premier, le second venait de ma joue sur laquelle ma Mère venait d’appliquer la plus magistrale gifle que j’ai reçue de ma vie. Je ne dis pas à ma Mère : « Recommence ».
Deux ans plus tard, en 1869, alors qu’Allan Kardec se désincarnait, Henri Sausse s’efforça «d’étudier pour mieux le comprendre dans tous ses détails l’enseignement d’Allan Kardec afin de mieux pouvoir le répandre et le faire connaître dans la mesure de mes moyens.»
Cette même année, il devînt membre du Groupe Finet. Ce groupe spirite était dirigé par « le brave père Finet » chez qui se tenait tous les mardis les réunions du groupe : « La salle de réunion, qui pouvait loger à peine 30 à 35 personnes, en contenait presque toujours davantage. Les médiums, fort nombreux, étaient assis sur des chaises autour d’une vaste table ; les auditeurs, empilés sur des bancs comme des brochettes de moineaux, aussi serrés que possible. La séance commençait à heure fixe ; et une fois que la prière était faite, personne n’était plus admis. Il faut vous dire que les séance d’alors avaient un caractère de gravité religieuse qu’elles n’ont plus aujourd’hui. On n’eût pas fait alors une séance d’évocation sans qu’une courte prière unît dans un même élan d’amour du prochain tous les cœurs des assistants. »

En 1873, l’Ordre Moral envoya à Lyon le préfet Ducros qui prît des mesures prohibitives contre les groupes spirites, alors assimilés aux anarchistes, sans que l’on sache pourquoi. Le Groupe Finet ayant été fermé, Henri Sausse et quelques médiums du groupe continuèrent leurs séances dans la chambre de garçon d’Henri Sausse, rue Mazenod. Après chaque réunion les communications étaient brûlées, pour ne laisser aucune trace de la réunion en cas de perquisition !
Une fois la tempête passée, le groupe reprît ses réunions, trois fois par semaine, au 14 rue Moncey chez un couple de spirite jusqu’au décès du brave père Finet.
Le 6 mai 1883, lors de la visite à Lyon de Leymarie, directeur de la Revue Spirite, Henri Sausse ainsi que plus de mille lyonnais se réunirent salle des Folies Lyonnaises, rue Basse du Port-au-bois. A cette occasion un spirite Lyonnais, Laurent de Faget, proposa la création d’une Fédération Spirite Lyonnaise. L’idée fut adoptée par acclamation.

Le 15 juillet suivant, la fédération avait déjà enregistré plus de 250 adhésions dont celle d’Henri Sausse. Malheureusement, les membres reconnurent qu’au lieu d’organiser une réunion de tous les groupes, ils en avaient créé un nouveau dont les adhérents étaient pris dans les autres. Suite à ce constat, la nouvelle société pris pour nom : Société Fraternelle d’étude scientifique et morale du Spiritisme. La nouvelle société fut présidée par Laurent de Faget. Henri Sausse, déjà reconnu pour son dévouement à la cause spirite, fut élu vice-président à l’unanimité le 30 septembre 1883. Il en deviendra président le 8 juin 1884 après le départ de Laurent de Faget pour la Capitale.

Henri Sausse dirigeait déjà un autre groupe spirite depuis août 1883 : le groupe Amitié. Ce groupe intime composé d’une dizaine d’amis, tous membres de la société Fraternelle, se réunissait deux fois par semaine dans le but de développer les médiumnités latentes de ses membres. Des essais de coups frappés et de « tables tournantes » furent tentés en vain. Henri Sausse fît alors « un effort de volonté pour agir sur une demoiselle placée en face de moi, afin de provoquer chez elle le somnambulisme ; j’y réussis et lui demandai la cause de nos insuccès ; elle me répondit : « Lorsqu’on sait lire couramment, on n’a plus besoin d’épeler. Vous savez tous écrire ; écrivez-donc au lieu de perdre votre temps et le nôtre. Sur le conseil de nos Guides spirituels, nous abandonnâmes quelques temps nos essais de médiumnités pour nous consacrer exclusivement à l’étude du magnétisme ».

La demoiselle ainsi placée en somnambulisme était Mlle Louise. Dans cet état, elles pouvaient voir et communiquer avec les Guides spirituels du groupe. « Un soir, écrit Henri Sausse, le 18 janvier 1884 elle venait d’être mise en somnambulisme lorsqu’elle vit des fleurs plus belles que d’habitude. J’étais debout devant elle, l’appartement en pleine lumière ; je la chargeais d’effluves magnétiques lorsqu’elle me dit : « Oh ! la jolie fleur… Nos Guides me disent qu’elle est pour vous. – Prenez-la répondis-je – Tenez, la voilà ! » A ces mots elle tendit la main droite de mon côté et sous mes yeux, à 30 centimètres environ de distance, je vis en pleine lumière apparaître et se matérialiser dans sa main une superbe rose thé. » En 7 ans d’expérimentations, près de 200 fleurs diverses furent ainsi matérialisées, parfois en bouquet complet, au groupe Amitié. Ces fleurs étaient toujours matérialisées à la lumière, et recouvertes d’une fine rosée, comme si elles venaient justes d’être cueillies.

Les matérialisations ne furent pas les seuls phénomènes observés. Le 2 mai 1884, Henri Sausse reçut un message par écriture directe sous pli cacheté. « Voulant (…) établir de façon absolue l’authenticité de ce phénomène, le 6 mai, tous nos amis étant réunis j’envoyai chercher, chez un papetier, du papier à lettre grand format. On prit, au hasard, une des feuilles du cahier ; elle fut examinée par chacun à tour de rôle, puis pliée en quatre et placée sous enveloppe cachetée. Chacune des personnes présentes signa ensuite sur l’enveloppe même du procès-verbal de fermeture.
Le phénomène ne s’étant pas produit pendant la séance, je plaçai l’enveloppe entre deux plaques de carton et la mis dans ma poche. Je la gardai sur moi pendant trois semaines, ne la mettant entre les mains du médium que pendant son sommeil magnétique et la lui retirant avant de la réveiller. Le 30 mai, il nous fut annoncé que nous pouvions ouvrir l’enveloppe, qu’elle renfermait deux communications, l’une d’un ami, l’autre de mon Grand-Père. » La feuille de papier retirée de l’enveloppe contenait en effet deux messages. L’un signé : un Ami et l’autre : Ton Grand-Père. Ce dernier message était : « Henri, sois persévérant, ne te décourage jamais, puisque c’est pour le progrès moral que tu agis ; sois sûr que tu seras aidé. Ta somnambule vous a dit un jour qu’on vous promettait de belles choses si vous suivez bien nos conseils ; en disant cela elle était l’écho fidèle de notre pensée. Chaque chose vient à son temps. Souviens toi que ce qui ne vient pas à un moment vient à un autre. »
Henri Sausse interroge alors les savants qui attribuent les phénomènes spirites à l’inconscient face à ce phénomène d’écriture directe : « Dans le cas présent, comment mon inconscient ou celui du médium a-t-il pu s’y prendre pour faire émaner de lui ces deux communications et pour les écrire directement lui-même sur le papier et sous une enveloppe fermée et cachetée à la cire ? (...)

N’étant pas un savant, mais un simple spirite, convaincu par une infinité de preuves probantes, au lieu de camoufler, sous des noms nouveaux ou burlesques, une vérité que l’on ne veut pas admettre, je reste absolument convaincu que cette manifestation qui nous emplit de joie, eut pour cause unique, l’intervention des deux amis de l’au-delà. »

Henri Sausse, tout en poursuivant ses fructueuses séances d’expérimentation, ne perd pas de vue le but du Spiritisme. Il écrira en octobre 1890 dans le Spiritisme, édité par son ami Gabriel Delanne qui avait assisté à quelques séances du Groupe Amitié : « Laissons donc les savants à leurs diplômes, à leur infatuation et adressons notre propagande aux masses qui ont besoin d’être soutenues, consolées, à ceux qui peinent et à ceux qui souffrent, à ceux qui pleurent, ceux-là seuls pourront nous écouter sans raillerie, ceux-là seuls comprendront que nous avons peut-être raison et viendront franchement à nous. »

Un autre phénomène eût lieu au Groupe Amitié : celui des moulages en paraffine[1] : « Le médium ne voulait pas croire à la réussite de ce phénomène et nous engageait fortement à y renoncer, lorsque sur mes instances, le 11 février 1889, une nouvelle épreuve fut tentée.
J’avais préparé moi-même le vase de paraffine et celui d’eau froide ; pendant la séance le médium me dit : « Je crois bien qu’il y a quelque chose dans le vase d’eau froide. Esther (un de nos Guides) a mis sa main dans la paraffine, puis elle s’est plaint que le récipient était trop petit. Regardez. »
Il y avait en effet dans l’eau froide le moulage d’une main dont les quatre doigts réunis sont plus petits que ceux du médium ; le moule est creux et fermé par la paraffine qui est retombée sur elle-même. C’est le seul phénomène de ce genre que j’ai pu observer. Je le conserve dans mes archives avec un souvenir personnel de presque tous les apports que je viens de signaler.»

La dernière réunion du groupe Amitié eut lieu le 28 octobre 1890. Le motif de cette interruption fut le mariage de la somnambule, Mlle Louise. Pendant ces 7 années d’expérimentation, Henri Sausse demeura aussi président de la Société Fraternelle. Il consacrait ainsi deux soirs par semaine à chacun de ces deux groupes. Il regrettait de ne pas pouvoir donner un concours actif à la Société Spirite Lyonnaise présidée alors par son ami Jean-Baptiste Chevallier. Mais, malgré son vif désir de servir la cause spirite, Henri Sausse gardait la tête sur les épaules : « Que deviendrait la vie de famille de celui qui s’astreindrait à suivre toutes les séances des trois groupes cités plus haut, que deviendrait sa lucidité d’appréciation. Il délaisserait sont intérieur pour courir au fanatisme. »

En plus de la charge de ces deux groupes, Henri Sausse organise les activités de la Fédération Spirite Lyonnaise. Celle-ci a été reconstituée officieusement le 12 juillet 1885 à l’occasion d’une conférence à Lyon de Gabriel Delanne, par une entente entre tous les groupes. Cette Fédération, si chère à Henri Sausse, diffusera largement le Spiritisme. Elle imprimera et distribuera gratuitement 10 000 brochures Espérance et Courage écrite par Henri Sausse. Sur une proposition d’Henri Sausse, la Fédération fondera en 1888 une société de secours mutuels composés de tous les spirites Lyonnais car « Le Spiritisme est une œuvre de charité morale et matérielle et il est bon qu’il s’affirme par des actes. » Cette société de secours distribuera chaque année des pensions aux vieillards et aux nécessiteux avant l’arrivée de l’hiver.

La Fédération organisera la venue de conférenciers : Gabriel Delanne, Alexandre Delanne, Metzger et surtout Léon Denis, qui était déjà en correspondance avec Henri Sausse. Celui-ci relate : « La première conférence que Léon Denis fit à Lyon eut lieu le dimanche 23 octobre 1887, dans la salle de la Scala, devant un auditoire de 1 800 personnes. (…) Le succès fut complet, l’orateur très chaleureusement applaudi, nous n’aurions pu espérer mieux. »
Cette première rencontre marqua beaucoup Henri Sausse : « Bien que nous ayons eu le temps de causer longuement avec Léon Denis à ce premier voyage, je brûlais du désir de le rencontrer de nouveau, mais chez lui à Tours.
Ce fut pour ce motif qu’en mars 1888, ayant formé le projet d’assister à la cérémonie du 31 mars, au Père-Lachaise, je fis un crochet pour aller à Tours et me rencontrer à nouveau avec lui. (…) j’y suis souvent revenu à cette maison de la rue de l’Alma, où j’étais reçu comme un enfant et où Mme Denis était pour moi pleine de prévenances. Elle ne manquait pas, chaque fois que je m’en allais, de m’embrasser en me disant : Cette fois, c’est la dernière, vous ne me retrouverez plus lorsque vous reviendrez voir Léon. – je protestais du contraire, que je la reverrais encore et mieux portante, et pendant près de quinze ans, c’est moi qui eus raison. »
L’année suivante, Henri Sausse participera au Congrès Spirite International de 1889 à Paris : « Je cherchais à m’orienter pour trouver la section de propagande, lorsque je vis venir à moi Léon Denis, qui me dit : « On m’a nommé président du Comité de propagande ; puisque vous voilà, je vous engage d’office comme secrétaire. Venez avec moi, nous allons travailler. » L’amitié et la confiance entre les deux hommes ne fit jamais défaut. Trente ans plus tard, Henri Sausse écrira une biographie de Léon Denis. Il avait alors soigneusement conservé 250 lettres de celui-ci, lettres reçues sur des années de correspondance.

Ce n’était pas le premier essai biographique d’Henri Sausse : après des années de recherches, il avait publié la première biographie d’Allan Kardec en 1896. Cette brochure était vendue 30 centimes au profit de la caisse de secours mutuels de la Fédération. La Fédération Spirite Lyonnaise, qui n’avait qu’une existence officieuse, se formera le 2 août 1903 en association loi 1901. Henri Sausse en sera élu secrétaire général.
Il était toujours Président de la Société Fraternelle depuis 1884. Il le restera jusqu’à 1908, date d’un terrible incident raconté par M. Peythieux[2]: « Pendant les absences d’Henri Sausse qui, représentant de commerce, était souvent hors de Lyon, les vices présidents ordonnaient les séances et c’est ainsi que Mr Bouvier et Toupet firent dévier l’expérimentation sur les possibilités dues aux somnambules – ce qui n’alla pas sans reproches de la part du président. Un jour, venant à une séance où Mr Toupet faisait ses efforts pour maîtriser une somnambule, Mr Sausse fit ses objections en montrant du doigt la personne en crise qui, malgré qu’en conscience cérébrale, elle fusse tout dévouée à Mr Sausse, lui donna un tel coup de dents au doigt que celui-ci dû en être amputé.
Ajoutons également que sous ces tiraillements, au moment de la fin de la présidence de Mr Sausse, il fut envisagé la fermeture du groupe et la vente de la bibliothèque ; et que cette fin brusque fût épargnée que grâce à l’appui de certains sociétaires, mais la démission de Mr Sausse fût maintenue. »

Henri Sausse restera sociétaire de la Société Fraternelle jusqu’à la formation d’un nouveau groupe : le Groupe Espérance. « Ce petit groupe pour l’étude des Phénomènes du Spiritisme, se créa de lui-même, par la réunion fortuite de quelques amis, le 21 mars 1910.
Cette première séance ayant donné d’heureux résultats, fut renouvelée le lundi suivant. Depuis nous avons continué, chaque semaine, avec une assiduité constante et un intérêt toujours croissant.
Lorsque nous voulûmes donner un nom à notre nouveau groupe, nous ne savions lequel prendre : nos Guides se chargèrent de ce soin en le dénommant : Groupe Espérance, et en nous promettant de le justifier.
Sur leur conseil également, pour éviter les écueils qui avaient autrefois entravé les travaux du Groupe Amitié, et si souvent paralysé nos efforts, il fut convenu que notre groupe serait rigoureusement fermé et que nul n’y serait admis sans l’autorisation préalable de nos Guides. »
Le médium de ce groupe sera Mlle Bedette. Le véritable prénom du médium était Bernadette. Mais la petite-fille d’Henri Sausse lui avait donné le diminutif de Bedette, nom qui lui plu et qui fut repris par tous. Mlle Bedette était mis en somnambulisme par Henri Sausse au début de chaque séance. C’est à travers son intermédiaire que les Esprits communiqueront ou matérialiseront des objets, et notamment une bague ; cadeau des Guides pour Mlle Bedette. Après le départ d’un membre du groupe, celui-ci sera remplacé le 3 février 1913 par le médium du Groupe Amitié, Mlle Louise devenue Madame en 1890.

A titre d’exemple, le 4 décembre 1911, un Esprit clérical se nommant le Grand Vicaire dicta une prière en latin ainsi que sa traduction française. Les membres du groupe ignoraient le latin. Soucieux de contrôler la valeur de cette prière en latin, Henri Sausse la montra à M. Rossigneux, professeur de latin et de grec : « Oh ! me dit-il, c’est du latin de cuisine ; c’est un prêtre qui a dû dicter cela, les mots sont mal assemblés ; la traduction est bonne, mais elle sent le séminaire : je ne l’aurai pas faite ainsi. » Difficile d’imaginer une confirmation plus spontanée !

Les fleurs matérialisées au Groupe Amitié étaient en réalité des apports. C’est-à-dire que des fleurs réelles étaient dématérialisées à un endroit pour être rematérialisées en séance. Les Guides du Groupe Espérance provoquèrent un nouveau phénomène intéressant : la matérialisation d’objets à partir de création fluidique. Le premier objet ainsi matérialisé sera une bague, cadeau du Guide Esther au médium Mlle Bedette. Une vingtaine de séances seront nécessaires pour que cette bague soit créée par les Guides à partir des fluides ambiants. D’abord trop petite pour le doigt de Mlle Bedette, la bague sera agrandie en séance par les Guides.

Pourquoi Henri Sausse sera-t-il tant favorisé dans ses expérimentations ? Pourquoi les différents médiums, dont Mlles Bedette et Louise, affirmaient-ils que la présence d’Henri Sausse était indispensable pour la production des phénomènes ? Henri Sausse confiera qu’il était lui-même un peu médium à effets physiques comme en témoignent les nombreux phénomènes de coups frappés qui marquèrent son existence. « Mais je ne veux pas faire ma part plus belle qu’elle ne l’est ; je persiste, au contraire, à en rapporter le principal mérite aux médiums qui, chacun dans des ordres de recherches différents, m’ont prêté le concours le plus complet, le plus dévoué, le plus désintéressé. La joie des résultats obtenus me suffit ; je leur octroie tout le mérite en témoignage de reconnaissance pour l’assiduité, la patience la persévérance qu’ils ont montrées au cours de nos travaux en commun. »

La dernière séance du Groupe Amitié aura lieu le 27 juillet 1914. Pour la première fois, depuis quatre ans d’expérimentations, les Guides du groupe ont donné congé aux membres pour un mois. Ils ne tarderont pas à en comprendre les raisons lorsque éclatera la première guerre mondiale. Le groupe continuera de se réunir toutes les semaines pour mettre à disposition de leurs Guides les fluides nécessaires « pour qu’ils les emploient à relever le courage de ceux des nôtres qui auraient pu faiblir ; (…) pour soulager nos blessés, nos malades, rendre l’espoir à nos prisonniers et surtout pour qu’ils viennent en aide à ceux qui, chaque jour, sont tombés pour ne plus se relever ; pour qu’ils les aident à reconnaître leur nouvelle situation, à sortir du trouble et à se rendre compte qu’ils peuvent encore seconder leurs camarades restés dans le rang. »

Anticipant la fin de la guerre, Henri Sausse éditera à sa charge un journal mensuel : le Spiritisme Kardéciste, organe de la Fédération Spirite Lyonnaise. Le premier numéro verra le jour le 1er janvier 1918.

A travers ce journal, qui connaîtra trois années d’existence, Henri Sausse présentera les principes du Spiritisme et les activités de la Fédération. Il profitera aussi de cette espace d’expression pour protester contre le prix prohibitif des œuvres d’Allan Kardec et contre les médiums vénaux au sein de l’Union Spirite Française.
En raison de la hausse du prix du papier, le Spiritisme Kardéciste paraîtra pour la dernière fois le 1er décembre 1920 : « En fermant ce journal, où nous avons houspillé de si rude façon les exploiteurs du Spiritisme, une chose me comble de joie : c’est que, si, depuis 1869, il me serait impossible d’évaluer ce que la propagande de notre chère doctrine a pu me coûter, je puis affirmer, en toute sincérité, qu’elle ne m’a jamais rapporté un centime et de cela je m’honore et je me réjouis. (..)

« Ce n’est pas sans regret ni sans une réelle appréhension au sujet de la marche avenir de notre Fédération Spirite Lyonnaise que je vois s’avancer rapidement pour moi l’heure de la retraite. » Henri Sausse, alors âgé de 69 ans, avait pressenti les difficultés qui allaient affaiblir la Fédération après son départ et qui allait conduire à sa disparition durant la seconde guerre mondiale. Il passa le relais de secrétaire général de la Fédération en 1923, après l’avoir dirigée pendant 38 ans ! Il était aussi Président d’honneur d’un autre groupe spirite lyonnais : la Société Spirite Jeanne d’Arc.
Henri Sausse se retira alors au village d’Etoile dans la Drôme pour se consacrer à ses ouvrages. C’est là qu’il se désincarna en 1928. La Revue Spirite lui dédiera une nécrologie : « Henri Sausse avait mis la dernière main à la 4ème édition de la « Biographie d’Allan Kardec » récemment parue, lorsque la mort libératrice est venue à lui, le 26 février dernier, dans le calme de sa solitude d’Etoile (Drôme), où il s’était retiré depuis quelques années. Henri Sausse est donc parti après avoir achevé sa tâche.
Au moment le plus critique, il s’imposa, malgré de grandes occupations commerciales, le devoir de défendre le Spiritisme à Lyon.
Depuis la fondation de l’USF qui, par son départ, perd en lui un de ses plus fidèles amis, il était membre de son Comité-Directeur.
Il s’est éteint calmement à l’âge de 76 ans. Ses obsèques eurent lieu le 29 février au milieu d’une assistance nombreuse recueillie et attristée. L’Union Fraternelle de Valence, dont il était Président d’Honneur, déposa sur sa tombe une couronne d’immortelles, symbole d’éternité !
Nous saluons le départ de ce vaillant, de ce probe serviteur de l’Idée qui n’eut sa vie durant qu’un seul ardent souci : celui de contribuer de toutes les forces de son cœur et de son intelligence, par tous les moyens en sa possession, à la propagande de la doctrine d’Allan Kardec. »

Au moment de conclure une biographie, l’historien se demande s’il a été fidèle à la pensée et à la vie de l’homme dont il a retracé le parcours. Outre ces interrogations, le Spirite se demande comment l’Esprit de cette personne réagira à cet essai. Touché au cœur par la doctrine spirite, par sa logique et sa morale, Henri Sausse n’avait qu’une ambition : celui d’être un simple serviteur de la nouvelle révélation. Apprécie-t-il aujourd’hui de voir ainsi sa mémoire et son passé ressurgir parmi les hommes ? Mon intuition me dit que oui, qu’il comprend la nécessité pour les spirites d’aujourd’hui de se tourner vers leurs aînés.
Henri Sausse était soucieux, non pas de la mémoire de son nom, mais de l’avenir de la Fédération Spirite Lyonnaise. Rien n’était plus cher à ses yeux que l’entente et l’union des spirites lyonnais à travers cette fédération qu’il dirigea pendant 38 années.
Aujourd’hui la fédération n’existe plus. Une coupure de plusieurs décennies a séparé les derniers spirites de la fédération et ceux d’aujourd’hui. L’expérience et la pratique de ces pionniers se sont perdues, faute de successeurs. Et, ce n’est qu’à travers les fragments retrouvés de cette histoire que l’on découvre les indices de cette tradition oubliée. La force de la prière et de la volonté, les lois du magnétisme, les possibilités du somnambulisme, voici autant de choses que nous réapprenons progressivement au Centre Spirite Lyonnais, semblables à de simples écoliers qui avancent avec tâtonnements.
La vie d’Henri Sausse apparaît alors non seulement comme un exemple de dévouement et de persévérance à suivre, mais aussi comme un but qu’il est possible d’atteindre. Voici notre devoir à nous qui voulons reprendre le flambeau au service du Spiritisme : retrouver ce patrimoine pratique, le comprendre, le faire revivre et surtout le transmettre à ceux qui suivront. Et, à force de persévérance, peut être qu’une fédération locale renaîtra sur les cendres de l’ancienne.
Pour clore cette biographie, voici quelques conseils d’Henri Sausse, adressés aux groupes d’expérimentation qui voudraient prendre la même voie que les Groupes Amitié et Espérance :
« Pour faire un bon groupe d’études spirites, un bon médium ne suffit pas. Il faut avec cela une harmonie parfaite entre tous les membres du groupe ; il faut une ténacité persévérante que rien ne décourage, que rien ne rebute ; il faut une volonté ardente, soutenue, qui anime tous les membres dans leurs espoirs, dans leurs désirs ; une assiduité que rien n’arrête et une confiance réciproque, qui, de tous les assistants, ne fasse qu’un seul bloc, animé de la même ardeur à poursuivre les travaux ; de la même reconnaissance envers les invisibles qui nous prêtent leur concours ; car sans eux il n’y a rien à faire, rien à attendre. Harmonie, confiance, persévérance sont les conditions indispensables de réussite. C’est pour ces raisons qu’un groupe d’expérimentation des phénomènes transcendants doit être un groupe fermé, d’où les curieux, les indifférents doivent être exclus et à plus forte raison les envieux, les jaloux et ceux qui nient la possibilité des phénomènes.
Telles sont les règles que nous avons suivies, les conditions que nous avons réalisées et grâce à nos amis de l’espace, le succès a largement compensé nos efforts.
A tous ceux qui voudront entrer dans cette voie, souhaitons une égale persévérance et encore de plus heureux résultats. Mais il faut non seulement vouloir mais IL FAUT AUSSI SAVOIR VOULOIR. »

Mickael

 

Fiche du mois : le Périsprit et les fluides

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[1] Ce phénomène consiste à demander à un Esprit de matérialiser une partie de son corps, le plus souvent une main. Puis de l’immerger dans un bac d’eau chaude recouverte d’une couche de paraffine fondue puis d’immerger ensuite la main ainsi recouverte de paraffine dans un bac d’eau froide. La paraffine durcit alors, et après la dématérialisation de la main de l’Esprit, il reste un moule en paraffine, qui remplit de plâtre, permet de reconstituer le membre matérialisé.

[2] Secrétaire Général de la Fédération Spirite Lyonnaise en 1934.