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Bulletin 83 - décembre 2020
Bulletin 83 - décembre 2020
Sommaire

Editorial

Un bel article sur la télépathie et ses origines dont la description et la dénomination date seulement de la fin du XIXème début XXème siècle. On ne peut s’empêcher de constater que quelques années plus tôt Allan Kardec dans le livre des Esprits était un précurseur dans cette recherche sans en définir le vocable. Preuve de la véracité et de la complexité du phénomène, de nombreux scientifiques regroupés dans des sociétés de recherche ou des instituts se sont penchés sur la question d’un point de vue psychologique et parapsychologique. Aujourd’hui, la télépathie, étudié dans un premier temps sous le nom d’hallucination télépathique, serait plutôt classée dans la deuxième catégorie.
De la recherche scientifique à la recherche intérieure il n’y a qu’un pas que les spirites sont quotidiennement invités à franchir, et c’est par la plume de Chico que l’Esprit journaliste Humberto de Campos nous conduit sur les chemins de l’édification par l’exemple moral que chacun peut donner.
Le spiritisme n’est pas un spectacle ou simplement une belle doctrine mais souvent un chemin de croix qui mène vers l’illumination pour celui qui désire s’élever et se transformer pour tisser des liens d’amour avec la communauté spirituelle. Liens qui peuvent se tisser parfois par la souffrance et Chico, encore et toujours, nous montre par son témoignage que, malgré son élévation morale, il n’a pas été ou n’a pas souhaité être épargné par la souffrance.

Gilles Fernandez

Télépathie et spiritisme

Bien qu’elle soit utilisée par certains services secrets (à l’instar du programme Stargate de la CIA) et même avancée comme explication pour de nombreux phénomènes qui, sans elle, feraient appel à des forces encore plus inconnues, la télépathie n’est pourtant pas encore officiellement reconnue par le monde scientifique. Néanmoins, face à l’avalanche de témoignages, émanant du monde entier et de toutes les couches de la société, elle est entrée dans le langage courant et plus de 40 % des Français déclarent y croire. La popularité du mot est pourtant assez récente et trouve son origine, comme nous allons le voir, chez les spirites qui ont rapidement voulu démontrer que l’esprit, indépendant du corps, pouvait s’exprimer en tant que tel. Gabriel Delanne résume parfaitement cet intérêt dans son ouvrage Recherches sur la médiumnité : « Il est évident que les spirites ont le plus grand intérêt à démontrer que la transmission de la pensée est un phénomène réel, car une fois ce point admis, il deviendra plus facile de comprendre comment les Esprits entrent en rapport avec les médiums. »

Une négation culturelle

Nous avons tous, dans notre entourage au moins une personne qui peut se prévaloir d’une expérience vécue sur la télépathie. Dans chaque famille, dans chaque cercle amical, il y a au moins un récit de sensation à distance, pour annoncer un danger, un décès ou juste pour partager une émotion. Nous aurions tous cette faculté simplement endormie.
René Warcollier, dont nous parlerons un peu plus loin, écrivait dans son livre La Télépathie, recherches expérimentales : « Je ne veux pas dire que le sens télépathique est le résidu d’un sens disparu, pas plus qu’il n’est l’embryon d’un nouveau sens, mais uniquement que nous pouvons passer tous les jours à côté d’un phénomène suffisamment caché pour ne pas le voir, absolument comme l’humanité est restée jusqu’au siècle dernier à côté des phénomènes électriques sans soupçonner l’existence d’une des forces les plus surprenantes de l’univers. Je crois que cette interprétation des faits télépathiques par une transmission d’états vibratoires de l’agent au percipient est suffisante. Elle explique parfaitement pourquoi tantôt le mot est transmis, tantôt l’idée, tantôt des fragments d’images ou des dessins. »
Alors pourquoi cette faculté naturelle, courante, n’est-elle pas plus développée, plus ancrée dans nos vies quotidiennes ? Mario Varvoglis, docteur en psychologie expérimentale et président de l’Institut Métapsychique International, nous suggère : « D’abord, dans notre culture rationaliste, des zones de notre conscience sont sujettes à des "tronquages" culturels. Jusqu’à l’âge de 4 ans environ, l’enfant voit et entend des choses que les adultes ne sentent plus. Lorsqu’il comprend que ses perceptions du monde n’entrent pas dans le cadre normal de la dynamique familiale, il va commencer à refouler ce type de relation avec son environnement. C’est ainsi que son cerveau s’empêchera de décoder les informations issues de cette zone frontière de l’esprit. A l’âge adulte, nos désirs et nos peurs font naturellement obstacle à nos facultés psi : c’est un “bruit mental” qui fait barrage à la réception d’informations télépathiques. »
Djohar Si Ahmed, la psychanalyste en charge des études sur la télépathie à l’IMI, complète : « Voilà pourquoi l’une des étapes du travail de télépathie en groupe consiste à résoudre nos blocages et nos peurs. Ce processus est parfois long, mais dès que l’on comprend que la psyché peut s’ouvrir et se fermer comme les portes d’une maison, on découvre qu’il est impossible d’envahir l’esprit des autres ou de se laisser envahir par eux. On devient alors plus attentifs à son ressenti, aux autres, et on est capables d’utiliser son intuition dans la vie quotidienne.»
Il nous faut donc travailler pour ramener cette faculté à notre conscience. Mais sur quoi travailler exactement, comment procéder et dans quel but ? C’est ce que nous allons chercher à comprendre.

Etymologie et définition

Pour analyser un concept, il est toujours intéressant de partir de l’étymologie de ce mot. Le mot télépathie est constitué des racines grecques « tele », qui signifie distance, loin et « patheia », le sentiment, ce que l’on éprouve. Il désigne ainsi la faculté de sentir à distance. Il s’agit donc d’une communication directe de pensées entre deux esprits dont l’éloignement réciproque interdit toute communication par les voies sensorielles usuelles.
Cela correspond à la définition que l’on trouve, par exemple, dans Wikipedia pour qui la télépathie « désigne un hypothétique échange d’informations entre deux personnes n’impliquant aucune interaction sensorielle connue ». Le terme « hypothétique » confirme bien le doute qui existe encore chez la plupart des gens malgré de nombreux témoignages faisant état de cette faculté, intervenue souvent de façon très accidentelle et ponctuelle.
Notons que la transmission de pensées, qui passerait ainsi directement d’esprit à esprit, comprend donc les communications entre vivants bien sûr mais aussi, de la même manière, les communications qui ont lieu avec les désincarnés.

La pensée, mais pas encore le mot dans le Livre des Esprits

On attribue l’origine du mot au poète et spirite Frederic William Henry Myers qui l’a inventé dans l’ouvrage Phantasms of the living, paru pour la première fois en 1886, co-écrit avec Edmond Gurney et Franck Podmore, et traduit en français par le titre Les Hallucinations télépathiques. Le physiologiste français Charles Richet, lauréat du prix Nobel de médecine et physiologie en 1913, en avait rédigé la préface.
Le mot « télépathie » n’existait donc pas encore à l’époque de Kardec, mais c’est pourtant bien d’elle dont il s’agit dans les questions 420 et 421 du Livre des Esprits :
420. Les Esprits peuvent-ils se communiquer si le corps est complètement éveillé ?
« L’Esprit n’est pas renfermé dans le corps comme dans une boîte : il rayonne tout alentour ; c’est pourquoi il peut se communiquer à d’autres Esprits, même dans l’état de veille, quoiqu’il le fasse plus difficilement. »
421. D’où vient que deux personnes parfaitement éveillées ont souvent instantanément la même pensée ?
« Ce sont deux Esprits sympathiques qui se communiquent et voient réciproquement leur pensée, même quand le corps ne dort pas. »
Et Kardec spécifiait ensuite : « Il y a entre les Esprits qui se rencontrent une communication de pensées qui fait que deux personnes se voient et se comprennent sans avoir besoin des signes extérieurs du langage. On pourrait dire qu’elles se parlent le langage des Esprits. »
Au chapitre Intervention des Esprits dans le monde corporel, on apprend que les Esprits lisent nos plus secrètes pensées. On lira, en réponse à la question 457 : « Souvent ils connaissent ce que vous voudriez vous cacher à vous-mêmes ; ni actes, ni pensées ne peuvent leur être dissimulés. »
- D’après cela, il semblerait plus facile de cacher une chose à une personne vivante, que nous ne pouvons le faire à cette même personne après sa mort ?
« Certainement, et quand vous vous croyez bien cachés, vous avez souvent une foule d’Esprits à côté de vous qui vous voient. »
Et, évidemment, il en est encore grandement question au chapitre Influence occulte des Esprits sur nos pensées et sur nos actions :
459. Les Esprits influent-ils sur nos pensées et sur nos actions ?
« Sous ce rapport leur influence est plus grande que vous ne croyez, car bien souvent ce sont eux qui vous dirigent. »
460. Avons-nous des pensées qui nous sont propres, et d’autres qui nous sont suggérées ?
« Votre âme est un Esprit qui pense ; vous n’ignorez pas que plusieurs pensées vous arrivent à la fois sur un même sujet, et souvent bien contraires les unes aux autres ; eh bien ! Il y en a toujours de vous et de nous ; c’est ce qui vous met dans l’incertitude, parce que vous avez en vous deux idées qui se combattent. »
Et même si nous ne sommes plus vraiment dans le champ de la télépathie, mais plus dans celui de l’influence occulte, il nous semble intéressant d’ajouter les deux questions suivantes qui nous sont très souvent posées.
461. Comment distinguer les pensées qui nous sont propres de celles qui nous sont suggérées ?
« Lorsqu’une pensée est suggérée, c’est comme une voix qui vous parle. Les pensées propres sont en général celles du premier mouvement. Du reste, il n’y a pas un grand intérêt pour vous dans cette distinction, et il est souvent utile de ne pas le savoir : l’homme agit plus librement ; s’il se décide pour le bien, il le fait plus volontiers ; s’il prend le mauvais chemin, il n’en a que plus de responsabilité. »
462. Les hommes d’intelligence et de génie puisent-ils toujours leurs idées dans leur propre fonds ?
« Quelquefois, les idées viennent de leur propre Esprit, mais souvent elles leur sont suggérées par d’autres Esprits qui les jugent capables de les comprendre et dignes de les transmettre. Quand ils ne les trouvent pas en eux, ils font appel à l’inspiration ; c’est une évocation qu’ils font sans s’en douter. » Et Kardec en conclut très justement : « S’il eût été utile que nous puissions distinguer clairement nos pensées propres de celles qui nous sont suggérées, Dieu nous en eût donné le moyen, comme il nous donne celui de distinguer le jour et la nuit. Quand une chose est dans le vague, c’est que cela doit être pour le bien. ».
Ainsi, la télépathie est beaucoup plus fréquente qu’on ne le penserait spontanément puisque c’est par elle que les Esprits nous influencent, à tout moment, dans le bien comme dans le mal, dans la création artistique comme dans la découverte scientifique, dans la très discrète intuition comme dans le geste apparemment spontané… La transmission de pensées d’esprit à esprit n’est donc pas qu’un phénomène animique mais aussi spirite. C’est ce que nous explique Gabriel Delanne dans Recherches sur la Médiumnité : « Si déjà, durant la vie, il est possible que deux intelligences communiquent sans aucune intervention des organes physiques, la disparition de l'enveloppe matérielle de l'agent ne peut, évidemment, que favoriser la manifestation de l'activité psychique qui agit sur l'âme d'un médium. Il y aurait ainsi une continuité entre les phénomènes animiques et les phénomènes spirites qui enlèverait à ces études les caractères de merveilleux et de surnaturel qu'on s'est plu, bien gratuitement, à leur attribuer. »
Ainsi, la télépathie a toujours été reconnue par les spirites, comme l’exprime, sans aucun équivoque, l’astronome Camille Flammarion dans son livre l'Inconnu et les problèmes psychiques : «L'action d'un être sur un autre à distance est un fait scientifique aussi certain que l'existence de Paris, de Napoléon, de l'oxygène ou de Sirius.»

La SPR, Society for Psychical Research de Londres

C’est en 1882, que le physicien William Barrett et le journaliste Edmund Rogers, avec le poète Frederic Myers et le psychologue Edmund Gurney créent, à Londres, la Society for Psychical Research dont le philosophe Henry Sidgwick sera le premier président. Différents comités se partagent le travail pour étudier scientifiquement la télépathie, le mesmérisme, la clairvoyance, les apparitions de fantômes et poltergeists afin de «s'attacher à l'étude de ces questions nouvelles, sans préjugés ni préventions d'aucune espèce, dans le même esprit d'exacte et impartiale recherche qui a permis à la science de résoudre tant de questions tout aussi obscures, tout aussi chaudement débattues ». En réalisant la collecte systématique des récits d’apparition, la SPR dispose de nombreux cas dont 700 qui seront utilisés pour la rédaction de l’ouvrage Phantasms of the living dont nous avons parlé plus haut.
Notons que parmi les membres de la SPR ont trouvera, outre ceux déjà énoncés, quelques noms illustres comme le naturaliste Alfred Russel Wallace, le psychiatre Carl Gustav Jung, le chimiste William Crookes, le philosophe français Henri Bergson (président de la SPR en 1913), l’astronome français Camille Flammarion (président en 1923), le médecin et célèbre auteur Arthur Conan Doyle, le botaniste Joseph Banks Rhine (président en 1980), le biochimiste Ian Stevenson (président en 1988 et 89). Certains de ces intellectuels ou scientifiques sont spirites (surtout ceux du début), d’autres non, mais tous ont en commun la volonté de rechercher dans la science des réponses aux différents phénomènes occultes observés.

L’IMI, un terrain d’étude pour Warcollier

En 1919, à Paris, sur le modèle de la SPR, le chercheur et mécène Jean Meyer fonde avec le docteur Gustave Geley et le docteur Rocco Santoliquido l’IMI, Institut Métapsychique International, pour étudier les phénomènes paranormaux. Leurs recherches se veulent plus qualitatives que quantitatives. Alors que Geley s’occupe du domaine de la clairvoyance, c’est l’ingénieur chimiste René Warcollier qui prend en charge le domaine de la télépathie.
René Warcollier (Ingénieur chimiste français, né en 1881 et désincarné en 1962. Il a été l’inventeur de nombreux brevets concernant les pierres synthétiques et les perles artificielles. Il consacrera ses loisirs aux recherches sur la télépathie) a lui-même vécu des expériences télépathiques, alors il estime que, si cela lui est arrivé, c’est que cela peut arriver à tout le monde. Il entreprend donc des recherches, non pas à partir de médiums, comme cela s’est fait jusqu’à présent, mais bien à partir de gens ordinaires, car il veut démontrer l’existence de cette faculté en chacun. Il met en place tout un protocole d’expérimentation qui fait encore loi aujourd’hui et qui a même été repris par Joseph Banks Rhine pour ses célèbres études sur les Perceptions Extra Sensorielles menées à l’université Duke.
En 1921, Warcollier publie un premier ouvrage La télépathie, recherches expérimentales, préfacée par le prix Nobel et spirite Charles Richet. Il remarque rapidement que le résultat ne dépend pas du tout de la distance ni des obstacles matériels mais bien plus de l’affinité entre les agents testés et de leur disponibilité d’esprit pour l’exercice. Il fait l’analogie de la télépathie avec la TSF, télégraphie sans fil, dans lequel il faut aussi un émetteur et un récepteur sur une même longueur d’ondes. Effectivement, un sentiment d’amitié ou d’amour entre les agents, voire la gémellité, a un effet facilitateur incontestable. On comprend bien pourquoi ce spirite avait coutume de dire « on n’impose pas sa pensée par la force mais par la sympathie ». dessin  réception
Il a aussi observé qu’avec de l’entraînement, il est possible de progresser. Ainsi, il a été le premier à élaborer des séances d’entraînement pour envoyer ou recevoir des messages complexes. Pour les expérimentations, un agent percipient envoie mentalement un dessin à un agent récepteur puis les deux dessins sont comparés. Mais souvent l’image ne parvient que de manière fragmentée, parcellaire. Par exemple, après qu’un agent percipient ait envoyé mentalement l’image d’un ballon dirigeable, l’agent récepteur dessine une forme oblongue, une hélice, ainsi qu’une droite courbée évoquant une sorte de manivelle. Même si le résultat est surprenant de similitude, il ne voit que des éléments épars mais pas le dirigeable dans son ensemble. Warcollier va donc s’appliquer à étudier plus particulièrement le processus par lequel l’information est transmise télépathiquement, comprendre comment elle peut se transformer, se déformer en passant par les inconscients de l’émetteur, du récepteur mais aussi de l’expérimentateur.
Il observe en moyenne 20 % de coïncidences probantes entre les deux dessins, mais il est intéressant de noter une amélioration des résultats quand les mêmes agents refont l’expérience. Et ces coïncidences montent à 50 % voire plus après un entraînement intensif.
L’IMI lui offre le cadre pour animer les GET, Groupes d’Entraînement à la Télépathie, qui se sont réunis chaque samedi, pendant une quarantaine d’années, et ont ainsi permis à Warcollier de mettre en évidence les éléments qui facilitent la transmission de la pensée ainsi que le processus de déformation ou de déstructuration des messages. Sa rigueur scientifique, son travail méthodologique et appliqué lui ont valu une reconnaissance internationale. C’est ainsi qu’aux États-Unis, il est considéré comme le précurseur du « remote viewing » (visualisation à distance) qui a été utilisé dans des tentatives d’application militaire de la parapsychologie durant la guerre froide.

Marcotte et la télesthésie

Après son décès, en 1962, le psychologue Henri Marcotte poursuit le travail de Warcollier en lui ajoutant des données manquantes sur le temps et le mouvement. Il poursuit l’animation des groupes d’entraînement et développe même le concept de "télesthésie" qu’il distingue de la télépathie naturelle par un aspect plus volontaire, contrôlé. Sa méthode permet en effet de prendre conscience du champ sensoriel de notre corps, puis de le contrôler pour apprendre à transmettre et à recevoir des informations par la pensée. Il écrit un seul livre, en 1977 : La télesthésie, méthode d’entraînement à la télépathie.
Pourtant, dans l’ouvrage du spirite Ernest Bozzano, Les énigmes de la psychométrie et les phénomènes de la télesthésie, paru en 1927, on retrouve la définition de la télesthésie selon Frédéric Myers : «Perception à distance, impliquant une sensation ou visualisation directe de choses ou de conditions, indépendamment de toute voie sensorielle connue, et en des circonstances de nature à exclure que les notions acquises puissent tirer leur origine d'une mentalité étrangère à celle du percipient.»
Elle est suivie par une définition analogue donnée par le professeur Charles Richet : «Connaissance de la part d'un individu donné d'un phénomène quelconque, non perceptible ou connaissable par les sens normaux, et étranges à toute transmission mentale, consciente ou inconsciente».
La télesthésie est donc d’abord une télépathie sensorielle, où l’on passe directement de sensation à sensation sans l’intermédiaire du stade verbal. La frontière est très mince puisqu’il est clairement établi que la télépathie peut revêtir de nombreuses formes selon le sujet et les circonstances.

Les différentes formes de télépathies et leurs transmissions

Donnons tout d’abord la parole à Gabriel Delanne qui, dans Recherches sur la Médiumnité, nous précise : « Afin de prévenir des confusions fâcheuses, nous ferons observer que ce n'est pas la pensée elle-même qui se transporte dans l'espace, parce que la pensée est un phénomène interne, subjectif, qui n'a d'existence qu'au moment où il se produit chez l'être pensant. Mais la physiologie nous apprend que lorsque la pensée est engendrée, il existe toujours un mouvement corrélatif du cerveau, qui est la traduction matérielle, externe, du fait psychique. Le spiritisme nous fait connaître aussi le mouvement vibratoire du périsprit. C'est donc seulement ce dernier mouvement ou d'autres auxquels il peut donner naissance, qui se propage dans l'espace et qui, en pénétrant dans un ou plusieurs cerveaux propres à le percevoir, y déterminera une pensée. » Puis, plus loin, il ajoute : « La pensée se transmet généralement par la parole ou par l'écriture. Dans le premier cas, c'est l'air qui est l'intermédiaire obligatoire pour transporter les ondes sonores ; dans le second cas, c'est la lumière qui nous fait connaître les caractères qui reproduisent la pensée. »
L’astronome Camille Flammarion se demande dans La mort et son mystère si ces transmissions ne s’effectueraient pas par l’éther. « Si elles sont assimilables à la lumière comme phénomène d’ordre vibratoire, elles en diffèrent cependant, en ce que la lumière diminue en raison du carré de la distance, tandis que la pensée paraît se transmettre intégralement avec la même intensité. Un milieu approprié sert-il à la transmission ? »
Léon Denis, dans son livre, Dans l’invisible, distingue trois grandes catégories de sensations : « Il semble rationnel de ramener les états vibratoires individuels à trois types généraux : visuels, auditifs et moteurs. On expliquerait par là la variété des perceptions chez les sensitifs et les médiums. Chez les sensitifs appartenant à ces divers types, les impressions produites par une même cause revêtiront des formes différentes. L’action psychique d’un vivant, à distance, ou celle d’un Esprit, provoquera chez les uns la vision d’une figure, d’un fantôme ; chez les autres, l’audition de sons, de bruits, de paroles ; elle suscitera des mouvements chez un troisième.
Les impressions peuvent également varier chez des sensitifs appartenant au même type sensoriel. La pensée initiale sera perçue par eux sous des formes distinctes, quoique le sens de la manifestation soit identique au fond. C’est ce que nous avons remarqué bien des fois dans nos propres expériences. Plusieurs médiums auditifs percevaient la pensée de l’Esprit et la traduisaient en termes différents.
Ceci nous démontre qu’un grand nombre de phénomènes télépathiques doivent être rangés dans l’ordre subjectif, en ce sens qu’ils se produisent uniquement dans le cerveau du percipient. Quoique internes, ils ne sont pas moins réels. L’onde vibratoire, émanée d’une pensée étrangère, va frapper le cerveau du sujet et lui donne l’illusion d’un fait extérieur, qui, suivant son état dynamique, semblera visuel, auditif ou tactile.
Nous savons que les impressions des sens sont toutes centralisées au cerveau. Celui-ci est le récepteur véritable, qui emmagasine les sensations et les transmet à la conscience. Or, suivant son état vibratoire, nous sommes portés à rattacher nos sensations à un des trois états sensoriels sus-indiqués. »

Les conditions de réussite

Toujours dans son livre Dans l’invisible, Léon Denis détaille les conditions qui facilitent l’expérience télépathique. Ainsi, avant Warcollier, on voit bien qu’il est déjà question d’entraînement et de persévérance pour espérer avoir de bons résultats.
« Pour pratiquer la télépathie, deux conditions sont nécessaires. Ce sont, d’une part, chez l’opérateur, la concentration et l’extériorisation de la pensée. Pour agir mentalement à distance, il faut se recueillir et diriger sa pensée avec persistance vers le but choisi. On provoque ainsi un dégagement partiel de l’être psychique et l’on crée un courant de vibrations qui nous unit à notre correspondant. Chez celui-ci, d’autre part, un degré suffisant de sensibilité est nécessaire. Ces conditions ne se rencontrent pas aussi souvent qu’on pourrait le supposer. Il faut les créer par une action prolongée de la volonté, puis les améliorer par l’exercice quotidien des facultés acquises.
Le docteur Balme constate qu’ayant expérimenté avec une de ses amies, il n’obtint d’abord aucun résultat. Tous les jours, à la même heure, et pendant longtemps, ils poursuivirent leur tentative. Les pensées échangées furent d’abord contradictoires. Un jour cependant, un mot fut perçu avec exactitude ; puis, par la suite, des phrases de quatre et cinq mots furent transmises. Enfin, au bout de deux ans, ils communiquèrent à distance, à n’importe quel moment de la journée, en frappant d’abord quelques coups dans leurs mains.
On le voit, dans ces expériences, la persévérance est l’élément essentiel de tout succès. Il faut, avant tout, apprendre à fixer ses pensées. Celles-ci sont instables, flottantes ; elles volent trop souvent d’un objet à un autre. Sachons les maintenir sous l’action de la volonté et leur imposer un but précis. Cet exercice est des plus salutaires, en ce sens qu’il nous habitue à pratiquer la discipline mentale. Une fois notre pensée fixée et le courant vibratoire établi, la communication devient possible. Nous arrivons non seulement à correspondre télépathiquement avec nos amis terrestres, mais aussi avec ceux de l’espace, car la loi des correspondances est la même dans les deux cas. Il n’est pas plus difficile de nous entretenir mentalement avec ceux de nos bien-aimés dont la mort a brisé l’enveloppe qu’avec ceux qui, restés sur la terre, ont été dispersés au loin par les exigences de la vie. La puissance de l’évocation qui va frapper l’être spirituel à travers l’immensité, dans une région inconnue de l’évocateur, est la démonstration la plus évidente de la force de la pensée. »

Un état de conscience modifié

Il a été observé que, pour favoriser les conditions de réussite, il faut atteindre un état de conscience modifié, tel qu’on le trouve dans l’hypnose, la méditation, le sommeil, le réveil, le choc émotif...
Dans Recherches sur la médiumnité, Gabriel Delanne nous précise l’état à atteindre pour faciliter l’expérience : «Quand donc alors peut se produire la suggestion mentale ? C'est pendant les états intermédiaires. Généralement, les sujets ne passent pas brusquement de l'absence de pensée à une idéation active ; ils s'arrêtent plus ou moins longtemps à une phase à laquelle on a donné le nom de monoïdéisme. Dans cet état, on n'est plus en face d'une paralysie complète du cerveau, il commence à fonctionner et se concentre sur une seule idée, qui par ce fait devient très intense parce qu'elle est seule dominante. Ce monoïdéisme peut être actif ou passif. Lorsqu'il est actif, il s'approche de la polyïdéie et n'est pas favorable à la transmission de la pensée, tandis que lorsqu'il est passif, les idées ne peuvent naître d'elles-mêmes, elles ont besoin d'être suggérées, et bien qu'elles soient très vives, elles sont acceptées avec une facilité extrême. Dans cette phase, la transmission de pensée est toujours possible, mais elle peut être troublée par l'instabilité mentale du sujet. Il faut donc chercher encore un peu plus bas pour atteindre la limite entre l'état aïdéique et le monoïdéisme passif. »

Le Ganzfeld

On va donc chercher à se rapprocher autant que possible, de cet état limite que l’on retrouve dans l’hypnose ou entre veille et sommeil. Dans les années 1930, suite aux travaux du psychologue allemand Wolfgang Metzger, l’expérimentation évolue vers le protocole Ganzfeld qui cherche à produire un champ sensoriel uniforme afin de modifier l’état de conscience et favoriser ainsi les perceptions extra-sensorielles comme la télépathie.
Le sujet récepteur est isolé dans une pièce au calme. On lui pose une demi-balle de ping-pong sur chaque œil, ce qui va filtrer la lumière rouge uniforme diffusée dans la pièce et créer ainsi une sorte de brouillard favorisant la venue d’images hallucinatoires. Un casque est mis sur les oreilles et émet un bruit blanc, comme celui que l’on trouve entre deux fréquences radios. En le coupant des stimulis extérieurs, on favorise ainsi un état de méditation profond dans lequel se met l’agent avant de commencer à verbaliser tout ce qui lui « passe par la tête ». Il trie ensuite, parmi 4 images présentées, celle qui se rapporte le plus aux impressions reçues. Cette technique, qui permet d’obtenir des résultats significatifs, a été développée par les parapsychologues Charles Honorton et Robert Morris dans les années 80 et est toujours usitée de nos jours.

Un lien fort entre les protagonistes

Bon nombre de témoignages faisant état d’une hallucination auditive ou visuelle pour informer d’un danger ou d’un décès se produisent entre membres d’une même famille, entre amis proches. Plus le lien est fort, plus la communication semble se faire aisément. Ainsi, lors de tests télépathiques, les jumeaux obtiennent souvent des résultats bien supérieurs aux autres.
C’est pourquoi Gabriel Delanne affirme dans Recherches sur la médiumnité : « En premier lieu, et indépendamment de toute théorie, une remarque s'impose : c'est que l'influence télépathique ne s'exerce qu'entre personnes qui se connaissent, et même assez intimement. »
Et il ajoute plus loin, les 3 conditions de réussite : « Il en est de même pour la télépathie. Nous savons que pour que cette action d'un Esprit sur un autre soit possible, trois conditions doivent intervenir :
1° Une concentration de pensée intense de l'agent produite volontairement ou par une émotion violente,
2° Un lien sympathique, une sorte de réglage dynamique entre l'organisme de l'agent et du percipient,
3° Un état monoïdéique de celui-ci. Dans le cas particulier d'une dictée médianimique, lorsqu'elle relatera un fait exact concernant un étranger inconnu de l'écrivain et des assistants, nous aurons le devoir de rechercher si cette révélation ne serait pas due à l'action d'un être vivant, momentanément endormi, qui agirait sur le médium. »

Les aptitudes psi des musiciens

Même si cette faculté existe en chacun de nous, il a été prouvé qu’elle s’exprime plus librement chez une personne extravertie, c’est-à-dire tournée vers les autres, à l’aise dans ses relations sociales, plutôt que chez une personne renfermée. De même, un individu qui utilise les émotions dans ses prises de décisions aura de meilleurs résultats qu’un individu qui privilégie l’intellect, le raisonnement. Différentes expérimentations ont même permis de démontrer que plus on est créatif, plus on est réceptif aux phénomènes psi et donc à la télépathie. Ceci peut s’expliquer par une ouverture accrue aux émotions, à l’empathie, à l’imaginaire. En ce sens, les musiciens seraient les champions toute catégorie pour la télépathie. Il est vrai qu’ils passent beaucoup de temps à exprimer leurs émotions autrement que par la parole...

Intérêt de la télépathie

Quel serait finalement l’intérêt de développer nos capacités télépathiques ? Qu’aurions-nous à y gagner puisqu’on ne peut pas « entrer de force » dans l’esprit de quelqu’un ?
Laissons à William Barrett, l’éminent physicien à l’initiative de la SPR de Londres, le soin de répondre à cette question par un extrait de son bel ouvrage Au seuil de l’invisible : « Si nous partagions involontairement les joies et les peines des autres, la fraternité des races ne serait pas une pieuse aspiration, ou un effort ardu, mais la plus vivante des réalités, le seul facteur qui dominerait notre conduite. A quoi servirait un hôtel luxueux dans le West End et des cuisiniers parisiens si la misère et la faim de nos semblables de l’East End faisaient partie télépathiquement de notre vie ? D’autre part, que de belles visions, que d’émotions joyeuses pénétreraient les vies mornes et déshéritées si cette réceptivité était donnée à tous (…) Si, comme je le crois, la télépathie est indiscutable, si les êtres de la création s’impressionnent l’un l’autre sans la voix ni la parole, l’Esprit infini dont l’ombre nous couvre se sera sans doute révélé au cours des siècles aux cœurs humains capables de lui répondre. (…) Pour ceux mêmes qui étudieront ces phénomènes au seul point de vue scientifique, le gain sera immense. J’ai déjà fait allusion aux solutions qu’ils pourront apporter à beaucoup de problèmes troublants, en ce moment inabordables, aux nouveaux champs d’expériences qu’ils défricheront, à l’impulsion qu’ils donneront à une psychologie plus exacte et une philosophie plus saine. Bien mieux, ils rendront plus évidente la solidarité humaine, l’immanence de l’invisible, la domination de la pensée et de l’Esprit, en un mot, l’unité transcendante et la continuité de la vie. »

Ils ont demandé à Chico

La souffrance fait partie des lois de notre monde. Quels que soient sa condition sociale, son âge, le lieu où il habite dans les siècles passés et encore aujourd’hui l’homme souffre, l’homme pleure et se plaint. Le riche comme le pauvre souffre dans sa chair, dans son cœur ou dans son âme et de tous les points du globe la douleur et la misère laissent entendre leurs gémissements.
Même si la douleur règne toujours en maître sur notre monde, les progrès de la médecine en ont atténué bon nombre. Lutter contre l’adversité est un devoir, s’abandonner, se laisser aller à la paresse, subir sans réagir aux maux de la vie serait une lâcheté. On ne peut comprendre le sens de la vie si l’on n’en connait ni le but ni les lois.
Les épreuves, en purifiant l'âme, préparent son élévation et son bonheur, tandis que les joies de ce monde, les richesses, les passions l'amollissent, lui préparent dans l'autre vie d'amères déceptions. Aussi, celui qui souffre en son âme et en son corps, celui que l'adversité accable peut espérer et lever son regard confiant vers le ciel ; il paie sa dette à la destinée et conquiert la liberté ; mais celui qui se complaît dans la sensualité forge ses propres chaînes, accumule de nouvelles responsabilités, qui pèseront lourdement sur ses jours futurs. La douleur, sous ses formes multiples, est le remède suprême aux imperfections, aux infirmités de l'âme. L'action de la douleur détache de nous ce qui est impur et mauvais, les vices, les désirs, tout ce qui vient de la terre et doit retourner à la terre.
L'ignorance des lois universelles nous fait prendre nos maux en horreur. Si nous comprenions combien ces maux sont nécessaires à notre avancement, ils ne nous paraîtraient plus un fardeau. Tous, nous haïssons la douleur, mais nous n'en sentons l'utilité que lorsque nous avons quitté le monde où elle exerce son empire.
Elle fait éclore en nous des trésors de pitié, de tendresse, d'affection. Ceux qui n’ont jamais subi la souffrance restent souvent indifférents, insensibles à celle des autres. Chico qui n’a pas été épargné par les problèmes de santé aurait pu demander auprès du monde spirituel la guérison de son organisme physique, mais il ne l’a jamais fait, voici son témoignage.
Un paraplégique qui s'était habitué à porter des béquilles nous a rendu visite il y a quelques jours et m'a demandé :
- Chico Xavier, je suis un lecteur des pages médiumniques que vous recevez, je vous demande pourquoi Emmanuel, un Esprit bienveillant, pourquoi André Luiz, un médecin de haute connaissance, pourquoi Meimei, une sœur qui fut un professeur dévouée à l'enfance et à la jeunesse, pourquoi le dr Bezzera de Menezes, qui reste, dans la vie supérieure, un médecin des plus grandes qualités et qui est ton ami. Pourquoi ils ne te soignent pas ?
J'ai dit :
- Mon ami, Dieu merci je ne me sens pas privilégié. La médiumnité ne me dispense pas des vicissitudes et des combats naturels de toute personne de notre société. Je pense que cette maladie si longue et si difficile est un enseignement dont j'ai besoin, car quand j'arriverai à la vie spirituelle, et qu'un instructeur me demandera : Chico Xavier, n'avez-vous jamais eu de graves maladies qui durèrent longtemps ?
Je dirai : oui, j'ai eu 80 ans et après le jour de mes 80 ans, mon corps physique a commencé à faiblir.
Mais c'est très naturel chez n'importe qui, en particulier chez les personnes âgées. C'est une crucifixion graduelle dont j'ai besoin pour ne pas avoir honte dans l'au-delà quand j'arriverai à la rencontre de nos frères déjà désincarnés.
Je veux ne pas avoir honte de ne jamais avoir souffert.
Mais pour moi ce n'est pas de la souffrance. J'ai beaucoup de bons amis, je cultive mon amitié avec beaucoup de chaleur humaine, j'aime beaucoup la vie et je sais que je vais continuer à vivre.
Si Jésus le permet, les médecins désincarnés m’offriront, peut-être, qui sait, une certaine amélioration ou, si la maladie continue, je dois savoir que c'est la volonté de Dieu, c'est le dessein divin qui nous a donné le bonheur de la vie.
Donc je suis ici avec vous dans la plus grande joie et je suppose que personne ne m’a jamais entendu me plaindre parce que je vais très bien. Je ne manque pas de nourriture, pas de médicaments, les médecins amis me traitent en étudiant attentivement la maladie, m’apportant les meilleures améliorations possibles.
Et je suis paraplégique depuis deux ans, mais je suis très heureux et, je crois, je suis loin de la grandeur spirituelle de sœur Dulce, je n'ai pas à me plaindre, mais à remercier ; je crois qu'elle aussi aura ressenti beaucoup de bonheur en se voyant libérée de son corps malade. Si elle peut, je comprendrai, et si cela est possible, elle nous aidera.

Transcription partielle de l'interview accordée à Auderghem TV, Minas, le 11 mai 1992 et tirée de l’Annuaire spirituel, 1995.

Vers l’édification

En 1945, un Esprit qui se fait appeler frère X, dicte au médium Chico Xavier, Lazare revivifié, une série de nouvelles afin d’éveiller le spirite à la réalité du monde de l’au-delà. L’auteur spirituel, Humberto de Campos, s’est désincarné en 1934 et déjà en 1937, il poursuit de l’au-delà sa tâche de journaliste et d’écrivain, amoureux des mots.
Au Brésil, cet auteur est bien connu puisqu’il a été président de l’académie des lettres mais, après quelques ouvrages dictés, il prendra un pseudonyme pour raconter les misères des désincarnés ou l’ouvrage des incarnés.
Ce n’est pas le premier auteur spirituel à recommander de se plier à l’ouvrage ; Emmanuel, le guide de Chico Xavier ne cesse de le rappeler dans de nombreux ouvrages comme Notre pain afin de nous conduire dans ce progrès : « Et les ouvriers devront se demander sans cesse : qu’ai-je fait aujourd’hui ? Ai-je accentué les traits de l’être inférieur que j’ai été hier ou ai-je développé les qualités élevées de l’Esprit que je désire devenir pour demain ?»
Ici, dans ce chapitre, l’auteur nous interpelle pour travailler l’édification :
« Les oisifs trouvent toujours les moyens d'échapper à leurs obligations. D'ordinaire, ils se plaignent et vivent découragés. Pour eux, les meilleures fonctions se trouvent là où ils œuvrent ; les plus grandes réalisations ont déjà été exécutées ; les changements de saisons les obligent à rester dans leur foyer ; les relations sociales les poussent à avoir de longues conversations ; les moindres symptômes de maladie sont une occasion pour eux de formuler de grandes théories sur différents diagnostics. Ils sont assiégés par les difficultés et ne réalisent rien. Ils dépensent des fortunes pour que personne ne les ennuie, mais si quelqu'un leur demande des comptes, ils expliquent qu'ils n'ont pas eu de chance ; une chance qu'ils transforment en génie aveugle qui distribue des faveurs divines à tort et à travers.
D'ailleurs, c'est aussi ce qui se produit dans le domaine des réalisations spirituelles. Le nombre de personnes intéressées par les enseignements spirites parce qu'elles affirment être en quête d'illumination est incalculable. Elles veulent les bénédictions de la sphère supérieure, désirent être douées de facultés médiumniques, prétendent vouloir participer aux services d'assistance. Cependant, dans toute volonté de progrès, le problème de l'édification ne se résume pas à de simples paroles. Pour arriver à concrétiser des intentions supérieures, il faut disposer de matériel tangible. Pour construire une maison, il faut des pierres et de la chaux. Une voie ferrée demande des rails appropriés. L'usine a besoin d'équipements. Si dans le cadre de la vie physique, il faut exploiter les ressources vivantes et substantielles, comment dispenser la bonne volonté et les valeurs humaines pour édifier son esprit ?
Bien des cœurs s'adressent à nous pour demander de l'aide, mais comment leur offrir notre soutien fraternel ? Ils aimeraient que les âmes désincarnées prennent l'initiative et les soustraient de leurs responsabilités et de leurs préoccupations.
Qu'en serait-il d'un mouvement doctrinaire dont les responsables expérimentés seraient capables d'instituer l'irresponsabilité et la paresse systématique sous prétexte d'aider et de protéger ? Les défunts seraient-ils si peu occupés qu'ils en seraient au point de n'avoir aucune autre obligation que celle de convertir la grande université de l'existence humaine en un simple jardin d'enfance ?
De bons amis comparaissent à nos réunions spirites et s'attendent à voir des phénomènes stupéfiants. Ils cherchent à consolider leur foi et disent avoir besoin de paix intérieure. Cependant, ils attendent les manifestations merveilleuses des désincarnés, comme si toutes leurs constructions intérieures dépendaient de cela. Il leur arrive parfois d'être exaucés dans leurs demandes, ils n'en restent pas moins spectateurs de la vie comme s'ils étaient au cirque, étonnés de voir les acrobaties des athlètes qui dansent sur une corde fragile à quinze mètres de hauteur, ou restent à contempler bouche bée le magicien qui avale du feu.
Une fois le spectacle terminé, ils retournent chez eux pour répondre à leurs obligations familiales et à la routine de la lutte rédemptrice. Il se produit la même chose en ce qui concerne les observations spirituelles. Une fois l'injection d'émotivité terminée, l'étudiant, le croyant et l'investigateur retournent à leurs habitudes où les devoirs quotidiens attendent leur témoignage d'amour et de compréhension.
D'où le besoin de rénover notre façon de voir les choses que les désincarnés éclairés proclament.
Beaucoup de compagnons s'approchent de notre plan pour faire appel à nos capacités de coopération, mais ils oublient qu'ils en sont porteurs. Ils ont juste besoin de les développer avec courtoisie et de leur mieux. Or cela ne peut se faire de l'extérieur vers l'intérieur. Ce ne sont pas les Esprits qui développent les médiums, mais ceux-ci qui affinent leurs facultés réceptives. Ils y arrivent s'ils élargissent leurs possibilités de collaboration en les valorisant par l'étude constante, et s'ils s'appliquent à oeuvrer pour la vérité et pour le bien.
Que dire d'une personne qui aspire à être médecin, mais qui déteste les malades ? Comment apprécier le fier bavard qui dit vouloir coopérer aux services de la sagesse, mais ne fait rien pour sortir de l'ignorance ? D'autres disent être prêts à recevoir la lumière brillante des cieux, néanmoins, ils ont peur du chemin à parcourir. Ils craignent les cailloux, les épines et les serpents qu'ils rencontreront probablement en route, qui seront peut-être cachés dans les nombreux coins qui séparent la vallée de la montagne. Les obliger à aider le souffrant, à épeler l'alphabet et à fuir les tentations ne sont pas des attitudes compatibles avec la loi de la vie et de la liberté qui nous régit.
D'après la vénérable leçon de l'Évangéliste, même Jésus reste devant la porte et frappe avant d'entrer. Si quelqu'un ouvre, il entrera avec les bénédictions divines. Lui, le Maitre qui apporte la sagesse, l'amour, la lumière et la révélation, n'a pas la clé qui appartient à l'apprenti, fils de Dieu et héritier de la vie éternelle, comme Lui-même. Le fait est qu'Il pourrait forcer l'entrée et détruire l'obstacle. Organisateur de la planète, le Seigneur Jésus-Christ a fourni à l'usufruitier du monde la matière première de la construction temporaire où il se trouve. Mais l'administrateur consciencieux et juste sait que, par-dessus tout, règne l'autorité du Père ; en cas de révolte et de difficulté, Il attend que le Donneur universel se manifeste. De sorte que, parfois, l'ordre suprême est de bombarder de manière destructrice, alors, il n'est pas nécessaire d'avoir de clé pour ouvrir. Les impacts directs de la souffrance modifient l'environnement par le simple fait que l'être reste prisonnier de la perturbation et de la douleur dans une situation désagréable avant de profiter d'une nouvelle occasion de construction.»


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