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Bulletin 81 - juin 2020
Bulletin 81 - juin 2020
Sommaire

Editorial

Les spirites aussi sont touchés par la maladie et meurent un jour, les spirites aussi ressentent de la peine et de la mélancolie lorsque l’un des leurs rejoint l’autre rive. Ils ne sont pas des créatures à part dans l’œuvre de Dieu, mais ils comprennent le sens de la vie, ils savent que les liens tissés sur cette terre perdurent au-delà de la matière inerte et que leurs pensées n’ont pas de frontière. La Covid est passée par là, le temps a fait son chemin, notre compagnon Jean Marc s’est désincarné ce 1er mai. Un moment de tristesse a parcouru notre âme promptement illuminée par la flamme de l’idéal auquel nous croyons et pour lequel nous consacrons une partie de notre vie. Que les bons Esprits veillent sur notre frère afin qu’il continue d’être nourri par la foi et qu’il s’éveille rempli d’espoir à sa renaissance spirituelle.
Dans ce bulletin, nous vous parlons également d’une médiumnité particulière et assez rare de nos jours appelée xénoglossie ou médiumnité polyglotte. Il s’agit pour un médium de parler ou d’écrire dans une langue étrangère vivante ou morte, dont il n’a pas connaissance. A ne pas confondre avec la glossolalie, présente dans l’histoire des religions, et qui n’est qu’une suite de syllabes incompréhensibles. Le cas le plus marquant de xénoglossie étant survenu le jour de la Pentecôte lorsque les disciples de Jésus reçurent par inspiration divine la capacité de s’exprimer dans d’autres langues que le galiléen et d’être compris par des étrangers. Plus contemporain, nous avons sélectionné plusieurs exemples de cette médiumnité provoquée par le violoniste Florizel Von Reuter.

Gilles Fernandez

Florizel Von Reuter, un virtuose du violon mais aussi un impressionnant et discret médium

Dans le très bel ouvrage d’Ernest Bozzano, La Médiumnité polyglotte, divers cas sont consacrés au célèbre violoniste virtuose, Florizel Von Reuter, ainsi qu’à sa mère, Grace. En s’aidant d’un appareil appellé l’Additor, le fils et la mère ont obtenu, ensembles, d’impressionnantes communications dans des langues qui leur étaient pourtant totalement inconnues. Les cas cités par Bozzano ont été extraits de deux livres, écrits par le violoniste en 1928, qui prouvent bien qu’il ne cachait aucunement ses capacités médiumniques. On ne peut donc que s’étonner qu’une si belle médiumnité soit restée aussi discrète, surtout chez un homme reçu et acclamé dans le monde entier comme le digne héritier de Paganini.

L’enfant prodige

Florizel Reuter naît le 21 janvier 1890 à Davenport, Iowa, aux Etats-Unis. Son père, Jacob est musicien, mais c’est avec sa mère, Grace, qu’il suit ses premiers cours de violon. Il se révèle vite excessivement doué et est invité à étudier avec Max Bendix, le violon solo du Chicago Symphony Orchestra, alors qu’il n’a que 5 ans. En 1899, il se produit à la Maison Blanche, devant le Président Mac Kinley, puis il part étudier à Londres avec de grands maîtres de l’époque. L’enfant prodige n’a que 11 ans lorsqu’il obtient, après de nombreux débats du fait de son jeune âge, le diplôme du conservatoire de Genève.
Âgé de 10 ans, il donne son premier concert professionnel en Suisse, puis, après une trentaine de concerts dans ce même pays, il part, l’année suivante, en tournée, d’abord aux États-Unis puis dans le reste du monde. Même s’il garde sa citoyenneté américaine, le jeune virtuose vit, à cette époque, majoritairement en Europe. Une fois adulte, il ajoute la particule « Von » à son nom, pour rappeler son origine issue de l’aristocratie allemande.  Florizel enfant En 1916, à 26 ans donc, il devient directeur de l’Académie de musique de Zurich. Plus tard, de 1931 à 1933, il occupera aussi un poste de directeur de l’académie de musique et des arts du spectacle de Vienne. Il vit en Allemagne au moment de la seconde guerre mondiale, mais repart s’installer dans le Wisconsin, aux États-Unis, à la fin des années 40. Violon solo au Wisconsin Philharmonic, il travaillera comme enseignant jusqu’à sa désincarnation, qui intervint pendant son sommeil le 10 mai 1985.

L’inspiration d’un grand maître

L’enfant prodige est un génie dans le domaine où il excelle. Or, pour Léon Denis, le génie doit beaucoup à l’inspiration, ce qui en fait une des formes de la médiumnité [1]. Pour autant, il ajoute qu’on ne peut considérer l’homme de génie comme un simple instrument, qui ne pourrait donc exercer son art que de manière intermittente, passagère. En effet, les enfants prodiges peuvent utiliser leur talent à tout moment, d’une façon permanente, comme nous le ferions nous-mêmes de nos propres acquisitions mentales[2]. Pour Gabriel Delanne, ce n’est pas une intuition proprement dite qui leur donne le pouvoir de s’assimiler les notions nouvelles, mais une sorte de réminiscence qui leur permet de s’approprier les matières les plus nouvelles qui ne font, en réalité, que se réveiller dans leur subconscience[3]. Léon Denis admet que, chez certains individus, ces deux causes : l’acquis personnel et l’inspiration extérieure, se combinent, se complètent l’une par l’autre[4].
C’est exactement ce qui semble se produire pour Florizel Von Reuter. Nous verrons, par la suite, qu’il va se révéler être un excellent médium mais déjà, enfant, il est inspiré dans sa carrière artistique par un autre ancien enfant prodige du violon, le célèbre Nicolo Paganini, mort en 1840, qui lui avouera même, par la voix directe lors d’une séance médiumnique, s’être intéressé à lui bien avant sa naissance.
Dans son ouvrage, Les expériences psychiques d’un musicien, Florizel Von Reuter raconte comment, alors qu’il exécute un passage difficile de la Campanella (œuvre célèbre de Paganini), il ressent qu’une autre personnalité est en train de le contrôler. C’est comme si « les doigts étaient contraints à abandonner brusquement le doigté que j’avais utilisé depuis des années, la substitution du doigté et un coup d’archet parfaitement différents arrivaient si naturellement, comme s’il s’était agit d’un passage simple au lieu d’un passage compliqué». Florizel ressent, non seulement que ses doigts sont guidés par une autre intelligence, mais aussi que celle-ci lui fait parvenir d’une façon télépathique de nouvelles idées sur la manière d’exécuter et interpréter le morceau. Ainsi, Paganini lui souffle des doigtés très novateurs pour interpréter au mieux les morceaux les plus difficiles. Ce qui prouve bien, comme le disait Léon Denis, que le génie dépend souvent de la combinaison de l’acquis personnel et de l’inspiration extérieure. On comprend ainsi mieux pourquoi le jeune Florizel Von Reuter a rapidement été surnommé le nouveau Paganini.

La partition inachevée

Florizel Von Reuter a composé un petit nombre d’œuvres, principalement pour violon, mais la plupart sont tombées dans l’oubli. L’artiste est davantage connu pour avoir achevé l’Andante et Rondo Capriccioso, pour violon et orchestre de Max Reger. Cette œuvre, débutée en 1916, est restée inachevée après le décès du compositeur en mai 1916. Quinze ans plus tard, en 1931, alors que Florizel profite d’un concert à Munich pour rendre visite à la veuve de Max Reger, Elsa, il découvre le début de partition et demande l’autorisation d’achever cette composition. C’est donc avec l’accord d’Elsa Reger que Florizel Von Reuter termine l’œuvre en seulement 7 jours, tout en conservant « l’esprit » Reger, ce qui n’est pas si difficile quand on est un bon médium...  Florizel Von Reuter
Il en jouera une première version le 15 février 1932 à Vienne puis, après orchestration, elle sera jouée par l’orchestre philharmonique de Munich le 07 novembre 1932 et renommée « Rhapsodie Symphonique ». Les connaisseurs approuvent totalement l’achèvement de cette œuvre, comme on peut le lire, par exemple, dans une lettre du grand chef d’orchestre Felix Weingartner, du 12 février 1934 : "Si je n'avais pas connu la création de l'œuvre, j'aurais, sans hésitation, déclaré que c’était un authentique et bon Reger."

Une médiumnité exigeante

Par la naturelle loi d’affinité, outre Paganini et Reger, Florizel recevait des messages de nombreux autres musiciens talentueux comme le pianiste russe Nikolaï Rimski-Korsakov, désincarné en 1908. Mais, le plus souvent, les messages émanaient d’autres grands violonistes comme, par exemple, l’espagnol Pablo de Sarasate, ou l’austro-hongrois Joseph Joachim, tous deux désincarnés aussi en 1908, ou l’italien Giuseppe Tartini, désincarné en 1770, ou encore, comme nous le verrons plus loin, le hongrois Heinrich Wilhelm Ernst, désincarné en 1865.
Florizel Von Reuter était un excellent médium psychographe, tout comme sa mère Grace. Ils ont beaucoup travaillé ensemble et ont obtenu de très intéressants messages à l’aide d’un appareil, appelé Additor. Cet appareil, composé d’un cadran alphabétique et d’une aiguille mobile, équivaut, en quelque sorte, à une planche de Oui-Ja perfectionnée, et offre le mérite non négligeable d’être bien moins influençable.
En parallèle de ses tournées artistiques dans le monde entier, Florizel se passionne pour les recherches psychiques mais demande, sans relâche, des preuves supplémentaires qui rendraient les messages absolument incontestables. Il faut dire qu’il est fortement stimulé par son ami, le docteur Franklin Prince, président de la Society for Psychical Research de Boston, qui avait aussi présidé la S.P.R. de Londres. Florizel lui soumet les messages obtenus par lui ou sa mère mais les deux expérimentateurs, très exigeants sur la potentielle irréfutabilité des messages, font doucement monter le niveau des manifestations médiumniques pour les Esprits qui, il faut bien le reconnaître, se plient de bonne grâce à ces exigences de qualité.  Grace Von Reuter
C’est ainsi, par exemple, que Grace est capable de recevoir des messages les yeux bandés, en écriture invertie, c’est-à dire lisible uniquement en miroir, en commençant par la dernière lettre et en finissant par la première. Mais comme cela ne suffit encore pas à calmer les nombreux doutes qui assaillent Florizel, les Esprits s’appliquent à communiquer dans des langues totalement ignorées des deux médiums. Et c’est un exercice très difficile car Florizel et Grace sont deux polyglottes remarquables qui, outre leur langue maternelle qui est l’anglais, connaissent aussi l’allemand, l’espagnol, l’italien et un peu le suédois et le latin. Les médiums ont tout de même réussi à recevoir des messages dans une quinzaine de langues diverses dont le russe, le magyar, le norvégien, le polonais, le hollandais, le lituanien, l’irlandais, le persan, l’arabe et le turc.
Florizel Von Reuter est aussi un ami proche de Sir Arthur Conan Doyle qui assiste à plusieurs de ces séances et écrira les préfaces des livres dans lesquels le grand violoniste médium relate ses expériences. On retiendra surtout Psychical Expériences of a Musician (Les expériences psychiques d’un musicien) et The Consoling Angel (l’Ange Consolateur). Ces ouvrages, écrits en 1928, n’ont pas été traduits en français, mais on peut néanmoins en avoir un remarquable aperçu grâce à Ernest Bozzano qui consacre plusieurs pages aux expériences des deux médiums dans son intéressant ouvrage La Médiumnité Polyglotte. C’est ainsi que dans son chapitre relatif aux messages obtenus par l’écriture automatique ou psychographie, les cas 16 à 24 relatent les expériences des Von Reuter et nous permettent ainsi d’en extraire quelques passages notables qu’il nous semble intéressant de vous faire connaître.

Exemples de cas cités par Bozzano

1 - Dans le premier cas cité, le cas n°16, c’est l’Esprit du grand violoniste hongrois Heinrich Wilhelm Ernst, désincarné en 1865 qui, lors d’une séance spirite le 27 avril 1926, se fait d’abord connaître en se présentant en allemand. Ernst connaissait bien cette langue pour avoir vécu un bon moment en Allemagne et savait que Florizel parlait aussi couramment l’allemand. Puis, très vite, il dicte une phrase dans une langue inconnue de tous les participants à la séance. Florizel y reconnaît le mot « magyar » et demande donc si Ernst vient de s’exprimer en hongrois. L’Esprit confirme avoir tenté l’expérience pour s’amuser et donner une preuve de sa présence. Puis, il félicite Florizel pour son dernier concert, où il affirme avoir été présent, avant de s’effacer poliment pour laisser la place à un autre Esprit qui attend de s’exprimer. Ce n’est qu’après avoir récupéré la traduction que le groupe apprendra qu’Ernst avait écrit : « Je me rends compte qu’aucun de vous ne connaît le magyar, mais peu importe. Je suis quand même très heureux de me trouver avec vous. »
Voici comment Florizel Von Reuter commente cette manifestation dans son livre Les expériences psychiques d’un musicien : « Cette séance a été réellement remarquable, puisqu’elle nous a donné une preuve convaincante sur l’origine supra normale des messages que nous avons obtenus. Tant que les messages étaient écrits en des langues que nous connaissions plus ou moins, la théorie de la cérébration subconsciente ne pouvait être éliminée, même quand on écrivait des périodes trop compliquées, sous le rapport de l’idiome, pour les connaissances que ma mère possédait au sujet de telle ou telle langue. L’apparition du latin avait déjà réalisé une brèche dans mon scepticisme mais comme ma mère avait appris à l’école un peu de latin, il y avait toujours la possibilité que ces phrases latines soient restées latentes dans le mystérieux dépôt du subconscient, auquel la science attribue des prodiges si stupéfiants. Mais, voilà, qu’avec l’apparition de la langue hongroise, l’hypothèse du subconscient était frappée d’un coup si violent, qu’il ne pouvait être paré d’aucune manière. Ni ma mère, ni moi n’avions jamais eu de rapports avec la langue hongroise, hormis les mots : chaud et froid lus sur les appareils calorifiques des trains en autriche-hongrie. Nous n’avions jamais eu entre les mains des recueils de phrases hongroises. Nous avions bien connu la famille des comtes hongrois Erno Suchy, une autre famille hongroise à Budapest, une autre à New-York, mais ces amis, ont toujours parlé allemand ou anglais en notre présence.
Le docteur Walter Prince m’a décrit les prodiges de ce que l’on nomme la mémoire visuelle mais les mots du message n’étaient pas précisément ceux que l’on peut facilement trouver sur les menus des hôtels, ou dans les affiches des lieux publics à Budapest ; sans compter que le fait de voir une parole écrite ne signifie pas encore la comprendre ainsi que le fait d’entendre un Hongrois prononcer des phrases que nous ne comprenons point ne signifie pas que le subconscient en a saisi la signification, et qu’il possède en outre la faculté de les écrire avec une orthographe correcte...
A un autre point de vue, le fait que Heinrich Wilhelm Ernst s’est manifesté à moi n’a rien d’invraisemblable. Cela signifierait simplement que par une loi d’affinité il s’était trouvé en rapport avec la tonalité vibratoire de ma mentalité. Je remarquerai à ce propos que j’avais modernisé et republié plusieurs de ses compositions musicales qui avaient vieilli ; j’avais souvent joué de ses compositions, qu’on ne joue plus beaucoup de nos jours, et j’avais écrit très favorablement sur lui dans mon livre sur les compositeurs de musique pour violon. En ces conditions, il n’y a rien d’absurde dans le fait que le violoniste Ernst se soit manifesté à moi, si la chose était possible... »
Grâce à cet extrait, nous voyons bien l’esprit dubitatif, investigateur de Florizel, toujours poussé plus loin par les remarques prudentes et sages de son ami le docteur Walter Prince.

2 - Pour le 17ème cas, qui a eu lieu le 8 mai 1926, un Esprit dicte une série de lettres dont la combinaison n’évoque aucune langue connue des participants. Dans la phrase inintelligible, le mot « rooskee » oriente tout de même, à raison, sur un intervenant russe. Florizel demande alors de traduire en russe la simple phrase « je vous remercie ». L’additor écrit « Blagahdarst ». mais quand Florizel demande si ce mot signifie bien « je vous remercie », il est répondu par l’additor : « Net, blagahdarst vooyoo ». d’autres mots sont ensuite dictés, toujours en russe et ce n’est que plusieurs jours après que la traduction des phrases leur parvient révélant que l’Esprit avait dit, en russe :
- Je suis un moine russe, mais ma mère était anglaise.
- Que dois-je faire ?
- Pas loin (certainement en réponse à une pensée pour savoir où pouvaient mener ces conversations)
- Que me demandez-vous ?
Notons ici une petite incorrection, car il avait été relevé à l’additor « Shto sprahivytee » alors que le véritable ordre des lettres aurait dû être « Shlto sprashivayeti »
- je vous remercie (il était bien correct avec le complément car avant il avait juste dit « merci »)
- je le crois (autre petite incorrection, car ils avaient relevé « Kazherekah » au lieu de « Kazhetka »).
- Bonne nuit (qui se dit « Spahkohiny nochee » pour ceux que ça intéresse...)
Comme on le voit, difficile de tricher avec une langue comme le russe, totalement ignorée de tous. l’entité prend même la peine de se reprendre pour donner la bonne traduction du « je vous remercie », ce qui prouve bien que ce ne peut être un texte appris par cœur, puisqu’on répond à des questions précises et, rappelons-le, les lettres sont dictées avec les yeux bandés et en lecture inversée. Et pourtant, toujours dans Les expériences psychiques d’un musicien, Florizel nous rapporte les doutes de son ami : « Le docteur Walter Prince, dans sa pénétrante analyse au sujet de la possibilité d’expliquer le message dont il s’agit sans sortir des pouvoirs de la subconscience, admet que la mémoire visuelle est hors question dans le cas d’une langue telle que le russe, ayant un alphabet spécial. Mais il observe que l’on pourrait encore expliquer le message par la mémoire orale, tout en reconnaissant que cette explication ne parvient pas à rendre compte de l’ensemble, des faits.  Florizel en plein travail médiumnique
En effet, la circonstance très hypothétique que ma mère a pu entendre prononcer les mots russes qui ont été écrits, ne pouvait lui conférer le don d’en comprendre la signification, de manière qu’un beau jour ils aient pu jaillir de sa subconscience sous la forme de réponses adaptées à des demandes formulées au moment même.
Il y aurait une autre théorie, selon laquelle on pourrait hériter subconsciemment la connaissance intégrale d’une langue totalement ignorée, grâce à un ancêtre l’ayant parlée de son vivant ; en ces conditions, les médiums parleraient par effet de l’émergence, hors de leur subconscience, de connaissances linguistiques ataviques.
Cette théorie est trop fantaisiste pour pouvoir être prise au sérieux sans compter que ma mère n’a pas eu des ancêtres parlant le russe ; au moins jusqu’à l’époque où elle peut remonter dans le temps avec ses souvenirs ataviques.
Je ne trouve pas moins improbable l’hypothèse de ceux qui adhèrent à la théorie de la réincarnation, selon laquelle ma mère, dans une existence antérieure, aurait parlé la langue russe.
Je n’ai pas moins jugé devoir rappeler toutes ces hypothèses extraordinaires, qui pourront paraître intéressantes en elles-mêmes, mais qui sont sans doute infiniment plus compliquées, plus invraisemblables, plus stupéfiantes que l’explication spiritualiste des faits. Je dirai même que si elles montrent la vive imagination de ceux qui les ont conçues, elles révèlent cependant en ces personnes un défaut déplorable de sens commun.
Tout bien considéré, il ne peut y avoir aucun doute qu’en voulant se démontrer impartial et libre de toute idée préconçue, on est porté logiquement à admettre que l’explication spiritualiste des faits est la seule conforme aux méthodes de recherche scientifique. »

3 - Le cas suivant, le n°20, est tout aussi stupéfiant. Alors que Grace et Florizel sont dans un hôtel à Berlin, une entité annonce qu’un Polonais va venir s’exprimer « un de ces soirs ». Afin de faire disparaître le doute théorique toujours renaissant dans l’esprit de l’expérimentateur, la mère et le fils décident donc de se surveiller mutuellement, en évitant de se séparer et allant jusqu’à dormir dans la même chambre pour éviter que l’un des deux ne prépare éventuellement un texte en polonais. Le lendemain, le Polonais commence à dicter un texte mais la communication est vite interrompue par une phrase en anglais disant que Grace est trop épuisée en ce moment. Juste après, la grand-mère de Florizel se communique pour prévenir que les mots du message n’ont pas été transmis correctement. Malgré des fautes dans les mots, un traducteur leur transmettra plus tard la traduction du texte polonais : « Vos doutes n’ont pas de fondement. C’est honteux, je suis mécontent de vous ». Le reste du message était en anglais et signé d’un nom polonais que le traducteur n’a pu déchiffrer.
La grand-mère ayant annoncé que le polonais reviendrait quand Grace sera reposée, la mère et le fils se sont de nouveau surveillés mutuellement 24 heures de plus. Et comme là-haut, ils savent particulièrement bien organiser les choses, au moment précis où les Von Reuter allaient recevoir le deuxième message en polonais, ils reçoivent la visite d’une amie qui témoignera de la séance :
« − Je soussignée atteste que le soir du 28 octobre 1926, j’ai été rendre visite à M. Von Reuter et à sa mère, dans l’hôtel où ils étaient logés, à Berlin. En entrant dans la chambre, je les ai vus assis à une table sur laquelle était l’additor. Mme Von Reuter avait les yeux bandés et posait deux doigts sur l’appareil. Mr. Von Reuter lui faisait vis-à-vis et posait trois doigts sur l’appareil. Dès qu’il m’aperçut, il me dit : - Venez transcrire le message ; il y a quelqu’un qui se dispose à écrire en polonais.
Cela me surprit ; je savais que ni l’un ni l’autre des Reuter n’avait jamais connu le polonais. Le message qui suit est la copie fidèle de ce que j’ai transcrit, Je remarquerai que l’intelligence a pris la peine de vérifier chaque lettre que j’ai écrite ; pour indiquer qu’elle était correcte, elle portait l’aiguille sur le mot yes, sachant bien qu’aucun de nous ne connaissait un mot de polonais. »
Voici le texte original du message, suivi par la traduction entre parenthèses :
Dschichei jeschcze nie puschno moge lepie pisear ja muvie ze panski mischli falschiwe sacs wicscc nie. (Ce soir ce n’est pas trop tard, et je puis écrire, plus aisément. Je répète donc que les argumentations de ce monsieur sont fausses. Pour le moment, je n’ai rien à ajouter).
Ainsi, on voit que les Esprits, prenant le temps de vérifier chaque lettre, se montrent scrupuleux sur la bonne orthographe des mots. Pour preuve, quand Florizel demande si le message a été transmis correctement, on lui répond en anglais :
« On doit mettre un m en tête du mot ischli. Le reste est juste. »
Comme dans les 2 messages en polonais, on lui faisait le même reproche quant à ses doutes, et après avoir pris la peine de surveiller attentivement sa mère 2 jours de suite, Florizel admet « après avoir obtenu tant de preuves différentes et écrasantes, de douter encore n’aurait pas été de la prudence, mais de l’idiotie... »

4 - Les doutes étant enfin levés, l’heure n’est plus à la démonstration, mais les séances se poursuivent avec d’autres manifestations remarquables de xénoglossie. Dans le cas 21, nous passons au hollandais, comme le raconte Florizel : « Environ une semaine après le fait ci-dessus, l’Esprit-guide Nicolo ouvrit la séance en écrivant, par ma main, qu’un de mes amis hollandais désirait me saluer par l’entremise de ma mère. L’Additor commença aussitôt à dicter un message en hollandais, qui se prolongea sur trois pages d’écriture en gros caractères. Une certaine partie du texte était de nature privée ; elle se rapportait à une affaire qui m’occupait alors, sur laquelle l’entité qui se communiquait désirait me conseiller. Il s’ensuit que je me vois dans la nécessité de renoncer à publier cette partie du message ; mais il en reste assez pour la documentation du texte en langue hollandaise. J’ai transmis le message au consul des Pays-Bas, à Berlin ; il eut l’amabilité de le traduire. Voici le texte et la traduction :- Gooden avond. Hoe vaart ge ? Ik ben een vriend. Ik ben verhengd u weertezien, myn vriend. Ge ziet goed uit.
Traduction : Bonsoir. Comment allez-vous ? Je suis un de vos amis. Je suis heureux de vous revoir, cher ami. Je vous trouve bien portant.
A ce moment, ne sachant pas qu'il avait été un de mes amis, j’ai demandé.
− Vous ai-je connu en vie ?
− (R) Zeer wel. (Très bien).
J’ai une demande :
− Voulez-vous me donner votre nom ?
− (R) Pieterse. (C’était le nom d’un de nos anciens amis, jadis consul général à Smyrne).
− (D) Vous trouvez-vous bien, là où vous êtes ?
− (R) Id dank u, zeer god. Ik heb voor u cen raad, met uw verlof. Sta mij die bede toe ? Zal ik myn raad geven ? (Très bien. Merci. Si vous me le permettez, je voudrais vous donner un conseil. Me le permettez-vous ? Puis-je vous faire connaître mon conseil ?)
Et le message continua à se produire longuement. Lorsque le consulat me transmit la traduction je me suis rendu compte que le texte se rapportait à une affaire privée, alors pendante, que je ne pouvais publier. Il me suffira de dire que je me suis fort bien trouvé d’avoir suivi le conseil qui m’avait été donné. Le message contenait, entre autres, ces phrases :
- Ge waart onvoorzichtig voor een jaar. (Vous avez été imprudent il y a un an)
Dat zal nietxel gaan. (L’affaire ne peut pas bien marcher)
Ik spreek ernslig. ( Je vous parle franchement)
Ik vind het beter. (Mon conseil est le meilleur)
Ja, ik weet her zeker het is beter. (Oui, je suis certain qu’il est le meilleur)
Neem u een andermal in acht. (Une autre fois, opérez avec prudence)
Ik waarschuw u. ( Je vous en préviens)
Weest verstanding, in dien u mijn raad wilt volgen. (Ecoutez-moi et suivez mon conseil)
Spreken wijer niet meer van, mijn, vriend. (Enfin, n’en parlons plus, mon ami)
Ik moet heen. ( Je dois m’en aller).
Tot wederziens, een ander maal zal ik wat langer blijven, als mij vergund. (Au revoir : une autre fois, je resterai plus longtemps, si permission m’en est donnée.)
Het is laat. Ik heb niet gedach dat het zoo laat was. (Maintenant c’est tard. Je ne m’étais pas aperçu qu’il était si tard).
Ik moet heen. ( Je dois m’en aller).
A ce moment j’avais remarqué : « C’est tard, en effet » et un de mes amis, qui était présent, avait tiré la montre et avait regardé l’heure. Alors il a été écrit :
- Het is nog vroeg, ik moet gaan. Mijn groeten aan uwe moeder. Tot wederziens. Droom zalig. Ik dank u. (C’est encore de bonne heure, mais je ne puis rester. Mes salutations à votre mère, jusqu’au moment où nous nous reverrons. Des rêves agréables. Merci à vous).
La personnalité qui s’exprimait ainsi paraissait bien caractéristique du consul Pieterse, tel qu’il était de son vivant : homme énergique, un peu autoritaire, mais un ami exceptionnellement aimable et sincère, aimant beaucoup la musique. »
Si les doutes n’avaient pas été levés avant, ils l’auraient été ici, car on voit que l’entité réagit spontanément au commentaire concernant l’heure, initié par l’ami regardant sa montre, ce qui ôte toute suspicion de texte préparé par avance par les médiums.

5 - Le 22ème cas satisfait enfin les plus strictes exigences de la recherche scientifique, selon le docteur Walter Prince, mettant en lumière l’hypothèse spirite. Le 14 février 1927, une entité annonce qu’elle est en mesure d’écrire dans une langue que le médium ne connaît pas et commence à dicter quelques mots parmi lesquels le mot « sahib » qui évoque l’hindoustani. Désireux d’avoir des témoins pour ce moment privilégié, Florizel invite l’entité à revenir le soir-même, à 21h30. Mais juste avant de prendre congé, l’entité précise en anglais :
- Je suis français. Lorsque vous m’avez connu, je m’appelais Pierre.
Une intense réflexion avec sa mère permet de déterminer qu’il s’agit probablement de l’écrivain français et linguiste orientaliste, Pierre Loti. Florizel avait été en contact avec lui, lorsqu’il était enfant prodige et, après un concert à Constantinople, il avait été invité à un lunch sur son croiseur.
Peu de temps après, Florizel rêve d’un persan qui lui assure que le message n’est pas de l’hindoustani mais du persan. Sir Arthur Conan Doyle, sollicité précédemment pour avis, lui répond par courrier qu’il y a divers termes hindoustanis et qu’il doit s’agir de l’un des 24 idiomes parlés dans l’Inde. Mais le lendemain, l’additor écrit en français « Adressez-vous au consulat persan de Berlin ». C’était Pierre Loti qui était venu se faire re-connaître et aider à résoudre l’énigme linguistique. Florizel suit le conseil et reçoit peu après l’information qu’il s’agit bien du persan, mais un persan parlé dans l’Inde. Le courrier contenait aussi la traduction du texte reçu mais, probablement parce que ce dialecte était un mélange de persan et d’hindoustani, certains mots n’avaient pu être traduits. Or Pierre Loti, estimant que les messieurs du consulat n’étaient pas assez réactifs, avait donné lui-même une traduction du message avec d’autres ajouts linguistiques et tout a été vérifié et confirmé par la suite. Inutile de reproduire ici le texte entier, mais on voit bien l’entité pousser les médiums à faire des recherches pour trouver, par eux-mêmes, la langue parlée.
Les textes avaient été donnés en deux fois, les 14 et 15 février 1927 et le 2ème message contenait plusieurs adages persans. Grâce à ce cas, les 2 médiums ont enfin réussi à obtenir une preuve irréfutable de l’intervention spirite, ce qui n’était pas facile, car il fallait trouver un pays dans lequel le virtuose du violon et sa mère n’avaient jamais ni mis les pieds, ni été en contact avec un de ses habitants. Or les tournées du violoniste les avaient emmenés dans presque tous les pays d’Europe et d’Amérique, mais jamais en Asie, donc forcément jamais en contact avec le dialecte peu usité dont il a été question dans le message. On remarque, ici encore, la volonté des entités pour aider Florizel à vaincre son éternel scepticisme et apporter des preuves irréfutables de la réalité des phénomènes.

6 - C’est en ce sens aussi qu’est revenu Pierre Loti, le 4 septembre 1927 alors que Florizel et Grace étaient allés passer quelques jours dans la maison de campagne de Sir Conan Doyle. Pour cette quinzième langue avec l’Additor, ils ont obtenu un message, dans un arabe irréprochable, dont l’illustre écrivain s’est fait écho lors d’une de ses conférences. C’est un ami, le Major Mariott qui en a assuré la traduction car aucun participant à la séance ne connaissait cette langue. Conan Doyle demande à l’entité la signification du seul mot d’arabe qu’il connaisse : bint. Et l’entité, au lieu de se contenter de traduire le mot (fille), répond par une phrase entière employant le mot en question, ce qui élimine ainsi toute possibilité de fraude par l’usage d’un texte qui aurait été préparé par avance.

7 - Si tous les cas précédents ont été extraits de l’ouvrage Les expériences psychiques d’un musicien, Bozzano est allé chercher le 24ème cas dans un autre livre de Reuter : L’Ange Consolateur. Il y est question d’une désincarnée, Hattie Jordan, qui a pu donner plus de 300 renseignements authentifiés sur sa dernière existence terrestre. Constatant qu’elle avait de fortes aptitudes pour communiquer avec notre monde (et oui, il y a des médiums aussi parmi les défunts…), elle s’est mise au service d’autres désincarnés qui avaient moins de facultés médiumniques qu’elle. C’est ainsi qu’elle a transmis phonétiquement les paroles d’un désincarné qui s’exprimait dans une langue qu’elle ne connaissait pas. Autant laisser la parole à Florizel Von Reuter pour bien comprendre toutes les subtilités d’un tel échange :
« Le 22 juillet 1928, nous nous trouvions à Ipswich, où nous avons fait une séance en présence de quelques membres de la Society for Physical Research locale. Il y avait parmi les assistants le major Barnes et M. Badbrook, respectivement président et secrétaire de la Société. Hattie Jordan s’est aussitôt manifestée, en donnant aux expérimentateurs des messages d’outre-tombe, extraordinairement convaincants...
Hattie a ensuite annoncé :
- Il y a ici un Esprit qui s’est mis à parler dans un jargon que personne ne comprend. Il dit, par exemple :
- Prasah Tamsta.
En prononçant ces mots, il prend une attitude obséquieuse. Je ne comprends pas. Il ajoute :
- Laba diena (en deux mots)
Puis quelque chose qui paraît être : - Zupones ir.
Et ensuite : - Ponai.
Maintenant il dit : - Ne, c’est non. Taip, c’est oui.
M. von Reuter remarque :
- Nous nous sommes efforcés en vain de chercher de quelle langue il s’agissait. En attendant, «Hattie » a proposé de suspendre la séance, pour la reprendre plus tard. Nous avons remarqué que plus tard, ce n’était pas possible, et que nous allions nous réunir le lendemain à midi. En effet, le 23, à midi, nous nous sommes réunis en séance ; le major Barnes était présent. Hattie s’est immédiatement manifestée, en annonçant :
− Il y a de nouveau ici l’Esprit d’hier. Il indique de sa main l’instrument médiumnique et prononce un mot qui paraît être surasikite.
− (D) Est-ce un japonais ?
− (R) Il n’a pas l’air d’un japonais.
Maintenant il dit :
- Pesupratau.
Et puis :
- Pratau.
Il ajoute :
- Labu diene labu makara.
Il répète :
- Labu makara et il hoche la tête en montrant le mot diena. Il dit :
- Labai molonu.
Et il sourit. Maintenant il fait signe de la tête. Je lui ai demandé ce qu’il désire et il m’a répondu :
- Nesu pratau.
Il montre le monsieur qui écrit, en disant :
- Miels drauge surasykite.
Puis, il me montre à mon tour et dit :
- Kaïp tamstai ... Ce n’est pas la phrase toute entière... attendez… ne parlez pas... sekasi.
Il se montre satisfait et me dit :
- Aciù.
Cette fois, il répète : - Aciu tamsta.
Maintenant il dit : - Zupones ir pona i duokite. Labu diena visiems.
Ces deux phrases sont réunies : - Diokite labu diena visiems.
Il fait signe de la tête en disant : - Aaciû. »

Il faudra plus d’une année à Florizel pour qu’un spécialiste des langues baltiques l’informe que le message est écrit dans un Lituanien phonétiquement irréprochable, avec des expressions laissant à penser qu’il s’agirait d’une forme remontant à plus de cinquante ans.
Inutile de préciser que ni Florizel, ni Grace n’avaient jamais eu le moindre contact avec des Lituaniens ce qui ne les a pas empêchés de recevoir un message lituanien grammaticalement irréprochable. Saluons d’ailleurs la performance en rappelant que Hattie, médium désincarnée, dicte phonétiquement une langue qu’elle ignore totalement à Grace, la médium incarnée, qui reçoit le message, dans la langue qu’elle ignore aussi, en ayant les yeux bandés et, en plus, en lettres inverties c’est-à-dire en écriture au miroir… Avec le lituanien désincarné, nous sommes donc dans la forme inhabituelle d’une triple transmission qui montre, encore une fois, comme le monde invisible s‘ingénie à trouver des éléments toujours plus probants pour parvenir à faire taire les sempiternels doutes.
On peut s’étonner que des communications aussi indubitables n’aient pas été plus connues, plus diffusées, plus étudiées. Il faut noter que ces faits se sont déroulés surtout en 1927, au mome

Jean-Marc, l’ouvrier promu le jour de la fête du travail

Jean Marc était arrivé dans notre centre un peu grognon et solitaire, il voulait simplement, trouver du réconfort, acquérir quelques connaissances sur la mort et l’au-delà, trouver la paix de l’âme. Au fil des années, il a trouvé dans notre centre une amitié, une solidarité et il s’est fait apprivoiser par ce lieu et ses habitants. Il a compris que sa place était ici et que c’était avec nous et les guides spirituels du centre qu’il pourrait lutter contre ses pensées qui le tourmentaient et essayaient de le détourner de ce chemin qu’il avait découvert et auquel il s’est accroché. Il a trouvé des réponses à ses questions, son caractère s’est adapté, son intégration s’est parfaitement réalisée au sein de notre groupe dans lequel il avait lié de solides amitiés. Il avait soif d’apprendre et de participer aux tâches de notre association. La prière qu’il lisait avant chaque réunion était sa planche de salut qui lui permettait de s’ancrer dans sa méditation et dans l’ébauche d’un ouvrage psychographié qui restera inachevé. Il a lutté contre ses pensées, il a lutté pour la survie de son organisme physique, il a gagné la bienveillance de nos frères spirituels.
Pour la première fois dans notre centre, nous avons eu à déplorer le départ de l’un d’entre nous. Après un mois et demi de bataille intense, notre compagnon Jean-Marc Bragoni, a été rappelé vers la sphère céleste. Tout notre groupe s’est uni à la famille pour partager les inquiétudes et les prières, les alternances de craintes et d’espoir, les messages d’information puis les messages de soutien qui suivaient invariablement, que les nouvelles soient inquiétantes ou rassurantes. Nous avons vécu, chacun à notre manière, une période intense durant laquelle l’état de Jean-Marc était une préoccupation constante, une motivation majeure à nous réunir à distance, comme l’imposait le COVID, pour nous retrouver dans les fluides spirituels formés par notre prière commune qui, grâce à Jean-Marc, a gagné une ferveur inégalée et, surtout, durable dans le temps puisqu’on avait vite compris que l’on ne pouvait malheureusement pas se réjouir durablement d’une note d’espoir…  Jean marc
Nous avons été nombreux à penser à Jean-Marc pendant nos séances spirites à distance. Plusieurs d’entre vous ont même pensé le voir, bien plus heureux en Esprit qu’il ne devait l’être réellement dans son corps. Et c’est de cela dont nous devons nous souvenir : cet Esprit libéré qui pouvait se joindre à nos prières et s’émerveillait, s’émouvait, de nous voir réunis pensant à lui. Car c’est bien l’image qu’il nous laisse de lui : cette curiosité insatiable sur le monde invisible et les interactions avec notre monde, cette volonté constante de se travailler, de s’améliorer, se perfectionner et sa disponibilité à se mettre au service des autres à travers cette cause qu’il affectionnait tant.
Jean-Marc n’était pas un simple « consommateur », passif dans la réception de leçons purement théoriques. Ceux qui l’ont connu ne peuvent que rire à cette pensée car, bien à l’inverse, notre compagnon était excessivement touchant par son enthousiasme, sa fougue, son désir de progression, sa volonté de servir. Il n’avait pas autant de compétences qu’il l’aurait voulu, mais il savait, avec tout le sérieux possible, mettre sa voix au service du groupe, que ce soit pour lire la prière d’introduction au moment de nos séances, ou pour enregistrer les séquences des « Livres et des anecdotes » que les éditions Philman nous envoyaient ensuite tous les mois. C’est un grand bonheur de pouvoir réécouter sa voix, car cela nous aide à le retrouver, au moment où nous devons aussi réaliser qu’il ne sera plus physiquement avec nous.
Mais nous sommes spirites et nous savons donc que cette absence n’est que partielle et temporaire et, qu’une fois la période de trouble passée, nous aurons certainement plaisir à le retrouver poursuivant son combat contre lui-même et sa quête d’un contact idéal, entre le visible et l’invisible bien sûr, mais aussi entre incarnés.
générosité, son humilité, son sérieux, et sa volonté constante d’amélioration lui ont assuré tout notre respect pour l’exemplaire transformation progressive, dont nous avons été les témoins privilégiés, mais ils lui ont surtout assuré la bienveillance et la protection de nos frères invisibles qui, au milieu des épreuves nécessaires, savaient lui offrir les béquilles utiles pour les surmonter.
C’est sa mère, Rose, à qui il vouait une grande admiration, qui lui a donné envie de découvrir d’un peu plus près le monde invisible. Il a beaucoup souffert de sa désincarnation en 2007, alors il a été poussé vers le centre, sans trop comprendre pourquoi, comme il le raconte lui-même, lors d’un exercice d’écriture : « … C'est en désespoir de cause que j'ai poussé la porte du centre ; j'étais alors en proie à des difficultés et je ne souhaitais plus qu'une chose : c'est qu'elles disparaissent de mon univers ! Il n'y avait, pour le coup, aucune aspiration spirituelle qui motivait mon geste, juste le désir que ça s'arrête ! Qu'il me soit permis de remercier ma mère, ce jardinier d'amour, qui me donna quelques notions de l’au-delà, aidée qu'elle fut par ses propres dispositions et l'entendement qu'elle avait de ces ''choses''. Au moment venu ceci me permit de trouver une issue.
Je fus, pendant un an, à la fois ‘‘ consommateur '' et spectateur du réconfort que je retrouvais entre ces murs. Les passes magnétiques pratiquées à l'époque, les messages rédigés par les psychographes, ainsi que la disponibilité dont beaucoup faisaient preuve venaient s’ajouter à ma gratitude envers « ces gens qui aimaient les autres ». Je me mettais, dans le même temps, à la lecture du Livre des Esprits. Lecture dont le contenu, instructif au demeurant, ne raisonnait pourtant en moi que de façon très scolaire, voire rébarbative. Je m’aperçus, par la suite, qu'il m'avait manqué, à l’époque, cette posture nécessaire pour susciter en moi l'envie d'apprendre et de persévérer. Bien que mon intérêt pour le spiritisme ne soit pas inexistant, ma reconnaissance ne se bornait, en retour des bienfaits reçus, qu'à quelques tentatives de méditation fort peu concluantes. Quant aux réunions du samedi je n'y participais pas.
Ce faisant, au fil des mois, quelque part, entre mes petitesses et mes appétits, entre mes espoirs et mes questionnements, entre mes certitudes et mes remords, s'immisçait, résonnait en moi ce quelque chose dont je percevais confusément l’existence, cette dimension si éloignée de mes aspirations des premiers temps.
Deux événements vinrent apporter quelques notes supplémentaires à cette rencontre tout juste sortie de l’œuf. Le premier est venu d'une question dont la réponse psychographiée fut, je cite : « La démarche est sincère continuez ». Ce fut, sur le moment, un réel encouragement, mais je n'en perçus cependant toute la valeur que bien plus tard… Quant au second, c'est au cours de passes magnétiques qu'il eut lieu, sans pour autant qu'il y ait un rapport direct avec celles-ci. Je m’amendais alors mentalement d'un comportement abrupt envers le médium. Et j'affirme, mes amis, eu égard à la modestie de la médium concernée, que dans son regard, plus parlant qu'un discours, j'ai eu la certitude qu’elle avait perçut ma pensée ; elle me répondit alors, sans un mot prononcé, de la façon la plus belle qui soit et j'ai reçu ce jour- là un magnifique message d'amour !
Un an, je crois après mon arrivée, je me fis adhérent et assistais, en tant que 1ère année, aux cours dispensés par le centre. Quelque chose allait jouer en ma faveur dans la compréhension de ce qui nous était enseigné, c'était la relation directe qu'il y a avec la science physique, puisqu’il était en partie question de fluides, de vibrations, d'ondes radio et de fréquences ; ce qui, soit dit en passant, ramène les choses à beaucoup moins de mystères. »
Alors qu’il n’est qu’en première année, entre Noël et le jour de l’An, son père, Nonce, se désincarne à son tour. Jean-Marc a déjà un peu plus d’armes pour faire face à ce nouveau chagrin. Il y puise même une nouvelle ardeur à comprendre et étudier. Il raconte la suite : « Je pris plaisir à participer aux cours des 2ème et 3ème années que je complétais par la lecture des ouvrages de référence. Mais je dois bien admettre que je n'en ai compris le contenu et ne me le suis réellement approprié qu'après plusieurs lectures et quelques progrès. La 4ème année fut consacrée à déterminer nos aptitudes, soit de psychographe, soit de psychophone ou de médium à fluide. Depuis, j’œuvre à progresser en psychographie jusqu'à être capable de retranscrire les réponses aux questions posées par le public lors des réunions.
Entre temps, et sans parler d'une fidélité à toute épreuve, je participais aux réunions du samedi et pris les choses un peu plus au sérieux. Puis je pris conscience que je ne faisais pas partie d'un « club » qui ne nécessitait qu'une cotisation annuelle ou une présence régulière. Il y avait, rue Collay, une dimension plus grande, plus profonde, qui dépassait de loin les préoccupations ordinaires. Pour y avoir accès, il me fallut traverser une redécouverte douloureuse, mais salutaire, de moi-même. »
Ici, avec beaucoup de pudeur, Jean-Marc fait référence à la brutale désincarnation de son « autre moi », son double, son frère jumeau, Jean-Luc, auquel il était très attaché. Il parlait avec émotion du lien fusionnel qui les unissait et du travail qu’il avait conscience de devoir faire à présent pour ré-accepter la joie du partage de moments conviviaux, avec d’autres que sa chère famille… Il poursuit : « Seul, je n'y serai pas arrivé. Assoiffé de réponses aux mille questions que je me posais, et conscient malgré tout qu'il me fallait donner de moi-même, j'ai rencontré la tolérance, la patience, les conseils et les encouragements. »
On le reconnaît bien dans les mots suivants qui réveillent en nous toute la tendresse qu’il y avait fait naître : « Ha ! J'ai failli oublier (vraiment ?)[5] de vous parler d'une chose : ce sont mes pensées ! Leur maîtrise me demande encore bien du travail ; de ce travail intense qui m'amène à me séparer des pensées que l'on accumule ordinairement pour me tourner vers celles amenant à une dimension supérieure, telles que la prière ou la communion. Par la suite, tout aussi ardu a été de percevoir ou ressentir les différents fluides. Plus ardu encore a été de comprendre, de prendre conscience que tout était lié, que de ma réforme personnelle dépendaient les progrès que je pouvais espérer faire, que mes colères (entre autres) me plaçaient aux antipodes de ce à quoi j'aspirais...
J'ai connu aussi de ces moments de doutes qui m'ont paralysé. J'ai rejeté alors l'inconfort de la lutte et je me suis éloigné de mes engagements ; puis je suis revenu plus humble...
Mes progrès, si modestes soient-ils, m'ont amené à connaître des instants de joie intense, de ces instants que nous concède le monde invisible, de ces moments d’empathie profonde... Depuis, même si tout n'est pas parfait, j'ai eu maintes fois l'occasion de ressentir certains fluides et de gagner en sensibilité et en confiance personnelle. Mais tout ceci est à double tranchant car, pour autant que je les discerne, je peux parvenir à m'éloigner des influences néfastes. Pourtant, lorsque je n'y prend pas garde (ne serait-ce qu'à cause de mes propres postures), il m'arrive de plonger dans l'angoisse ou la colère… Mais je suis, du coup et fort heureusement, tout aussi sensible aux influences positives, ce qui me fait apprécier le doux sentiment de paix ou l'apaisement qu'elles me procurent.
Voilà, en quinconce, ce que je peux vous livrer de ces quelques années d'apprentissage. À ce jour, le regard que j'ai sur le monde, sur les choses et sur autrui s'est modifié et, bien que perfectible et encore entaché de mes imperfections, c'est avec un peu plus de fraternité que je les aborde.
Pour conclure que pourrai-je dire de plus que ce que je n'ai dit ? Si ce n'est ma reconnaissance à toutes ces âmes incarnées ou désincarnées, toujours présentes, qui m'ont appris, qui m'ont choyé, entouré, soutenu et protégé. Ami(e)s Je vous aime »
Nous aussi nous t’aimons, toi le frère spirituel qui a fait en sorte de nous réunir en pensées, en prières ferventes, tout au long de cette période de confinement afin de réunir le groupe, un peu plus étroitement, malgré la distance dans le temps et dans l’espace... Il t’a fallu, pour cela, tomber malade au début de la période d’isolement et tenir le coup, avec des hauts et des bas, jusqu’au dénuement final, pour ne pouvoir te rendre qu’un hommage très intime le jour de la timide reprise d’une vie sociale, avec des réunions qui pourront ainsi reprendre, même si seulement en comité plus restreint. Ta maladie, qui nous a tenu en haleine pendant 1 mois et demi, a été l’occasion pour beaucoup d’entre nous de s’interroger, à notre tour, un peu plus intensément, sur le pourquoi de la vie et des épreuves, sur les raisons spirituelles de cette pandémie, sur les adieux et la désincarnation, surtout pour un spirite.
A ce propos, tous ceux qui ont eu le bonheur de participer avec toi à l’étude du livre Ouvriers de la Vie éternelle (dont tu as aussi enregistré quelques chapitres, en ligne sur le site), se réjouissent de penser que tu as pu, surtout lors du dernier cours, le 21 février 2020, t’émouvoir de ce père, non spirite mais spirituel, qui se désincarnait en ayant pris le soin de préparer ses deux fils à son départ, en comparaison d’un autre père, spirite lui, qui se désincarnait aussi mais en gardant des liens très lourds pour lui comme pour sa famille endeuillée. En lisant les magnifiques messages de tes proches, particulièrement de ton fils Matthieu qui s’est montré si fort, serein et disponible pour faire les liens entre tous, on sait que le travail a été bien fait.
A ce cours, nous avions aussi été très impressionnés par le nombre record de questions que tu posais sur la manière dont se déroulait la désincarnation. Tu voulais tout savoir, comme si on avait toutes les réponses !
Même une fois, la frontière franchie, il faut du temps et de la patience pour avoir toutes les réponses et les frères dans leur sagesse nous ont transmis quelques nouvelles de notre compagnon : « Il est dans de bonnes mains et repose dans l’action des fluides réparateurs, afin de permettre à sa pensée de s’unifier plus tard dans l’action et le devoir. Il est bercé par les promesses des compagnons qui s’occupent de lui avec tendresse. Il sait l’espoir qui a été déposé tendrement en lui et ne cesse de prier avec amour avec les meilleurs compagnons qui soient.
La lumière n’a pas encore atteint tout son éclat et c’est bien normal, mais la joie est dans son cœur, et nous ne pouvons pour l’instant que restreindre un peu ses élans pour aboutir à la plénitude de son âme et le calme voulu, pour que souffle à nouveau l’espérance, fil conducteur nécessaire pour retrouver le pas jusqu’à nous. »
Bon voyage mon frère et à très bientôt. Envoie-nous un petit message pour nous dire que tu es bien arrivé dès que tu le pourras… Notre groupe s’unit en prières pour toi !

[1] Léon Denis, Dans l’invisible, chapitre sur La médiumnité glorieuse (Éditions Philman, p 345)

[2] Léon Denis, Le Problème de l’Être et de la Destinée (Éditions Philman, p 236)

[3] Gabriel Delanne, La Réincarnation (Éditions Philman, p 236)

[4] Léon Denis, Le Problème de l’Être et de la Destinée (Éditions Philman, p 236)

[5] La parenthèse et l’interrogation aussi sont de Jean-Marc...