Sommaire
- Qu’est-ce que le Spiritisme ?
- Allan Kardec, un lyonnais méconnu
- La médiumnité selon l’éthique spirite
- Les réunions au C.S.L.
- Communications reçues au C.S.L.
- Actualités
- Dossier spécial : Lyon et le Spiritisme
Qu’est-ce que le Spiritisme ?
Le Spiritisme est à la fois une science d’observation et une doctrine philosophique. Comme science pratique, il consiste dans les relations que l’on peut établir avec les Esprits ; comme philosophie, il comprend toutes les conséquences morales qui découlent de ces relations. Allan Kardec donnera comme définition : « Le Spiritisme est une Science qui traite de la nature, de l’origine et de la destinée des Esprits, et de leurs rapports avec le monde corporel ».
Le Spiritisme est donc la doctrine fondée sur l’existence, les manifestations et les enseignements des Esprits. Cette doctrine se trouve exposée d’une manière complète dans le Livre des Esprits pour la partie philosophique, dans le Livre des Médiums pour la partie pratique et expérimentale, et dans l’Evangile selon le Spiritisme pour la partie morale.
Le Spiritisme n’est ni une secte ni une religion, il n’a ni culte, ni dogme, ni hiérarchie ; il prône la liberté de conscience comme un droit naturel et respecte toutes les croyances religieuses. Le Spiritisme qui veut instaurer la paix, la fraternité et l’amour entre tous les hommes a choisi pour devise : « HORS LA CHARITE, PAS DE SALUT ».
Par les preuves qu’il donne que les êtres qu’on a aimé sont toujours vivants et près de nous, le Spiritisme apporte la consolation aux hommes et répond en cela aux paroles du Christ : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements ; et je prierai mon Père, et il vous enverra un autre consolateur, l’Esprit de Vérité,…, qui vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Saint Jean, ch. XIV, v. 15)
Allan Kardec, un lyonnais méconnu
Allan Kardec, de son vrai nom, Denizard Hippolyte-Léon Rivail, est né le 3 octobre 1804 à Lyon, au 76 rue Sala. Il entendit parler pour la première fois des tables tournantes en 1854 et fut tout d’abord très sceptique. Après avoir observé assidûment les manifestations des Esprits par la méthode expérimentale, il prit connaissance de cinquante cahiers de communications qu’il synthétisa et qui formèrent la base du Livre des Esprits. Son esprit protecteur lui apprit, par une communication qu’il l’avait connu dans une existence précédente au temps des Druides, il s’appelait alors Allan Kardec.
Deux biographies d’Allan Kardec sont disponibles au centre pour consultation.
La Médiumnité au point de vue spirite
Les médiums sont les personnes aptes à ressentir l’influence des Esprits et à transmettre leurs pensées. Cette faculté étant inhérente à l’homme, tout le monde est plus ou moins médium.
On distingue différentes variétés de médiums : les médiums à effets physiques, les médiums sensitifs, les médiums auditifs, parlants, voyants, inspirés, guérisseurs, écrivains.
Le Spiritisme condamne l’exploitation de la médiumnité, comme contraire aux principes de la doctrine au point de vue moral, et démontrant qu’elle ne doit, ni ne peut être un métier, ni une profession.
La médiumnité n’est pas un signe de perfection, ou le fruit d’un travail, mais elle est un don de Dieu ; et ce don peut être retiré si on en use pas correctement, c’est à dire si on ne l’emploie pas au service du prochain.
Il est déconseillé de pratiquer seul chez soi la pratique de la médiumnité, car il est impossible de vérifier la véracité d’un message obtenu sans la confirmation de plusieurs médiums expérimentés.
Les médiums modernes, car les apôtres aussi avaient la médiumnité, ont également reçu de Dieu un don gratuit, celui d’être les interprètes des Esprits pour l’instruction des hommes, pour leur montrer la route du bien et les amener à la foi, et non pour leur vendre des paroles qui ne leur appartiennent pas, parce qu’elles ne sont pas le produit de leur conception, ni de leurs recherches, ni de leur travail personnel. Dieu veut que la lumière arrive à tout le monde ; il ne veut pas que le plus pauvre en soit déshérité et puisse dire : « Je n’ai pas la foi, parce que je n’ai pu la payer ; je n’ai pas eu la consolation de recevoir les encouragements et les témoignages d’affection de ceux que je pleure, parce que je suis pauvre ». Voilà pourquoi la médiumnité n’est point un privilège, et se trouve partout ; la faire payer, serait donc la détourner de son but providentiel.
L’Evangile selon le Spiritisme
Les réunions au C.S.L.
Trois sortes de réunions ont lieu au Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec : les réunions de soins spirituels pour les personnes souffrantes, les réunions spirites où sont donnés des messages d’intérêt personnel ou général, et les réunions d’initiation médiumnique, réservées aux membres adhérents.
Le travail médiumnique a toujours lieu en groupe afin de contrôler que les messages reçus sont bien ...d’Esprits bienveillants. Pour la même raison, chaque séance est présidée par un médium différent à tour de rôle, celui-ci a pour rôle de veiller au bon déroulement de la séance.
Chaque séance est précédée d’une lecture initiatique extraite des ouvrages spirites, et, une prière à Dieu est faite afin de demander l’assistance des bons Esprits. De même, une prière de remerciement est lue après chaque réunion.
Les séances sont publiques (hormis les réunions d’initiation médiumnique), elles ne sont en aucun cas payantes et les soins spirituels sont absolument gratuits. Le Spiritisme condamne l’exploitation de la médiumnité et, en conséquence, les médiums n’acceptent aucun profit direct ou indirect, ostensible ou dissimulé.
Communications reçues au C.S.L.
Des Prosélytes ! Des Prosélytes !
La communication suivante a été reçue durant la réunion spirite du 4 décembre 1999.
Un Esprit revêtu de l’habit de croisés du moyen-âge s’est montré à un médium. Il indique par là que dans une incarnation passée, il a été chrétien et qu’il a fait les croisades ; il dit :
« Erreurs, erreurs, mes frères, que j’ai faites alors que je croyais bien faire. Je me suis battu et j’ai tué pour imposer une religion parce que je croyais que c’était la seule, la vraie, la vérité ; mais je vous dis aujourd’hui que ce ne sont pas par les armes ou par la force que l’on impose ses idées. D’ailleurs, jamais il ne faut imposer ses idées. La croyance, la vérité, se transmettent par l’amour, la douceur, l’abnégation, l’humilité, mais jamais dans le sang, la chaos. Le plus important, c’est d’être humble, sincère, de transmettre l’amour que vous avez en vous, l’amour que vous donnent les frères spirituels, de le transmettre dans un climat calme. Frères, amour, compréhension de l’autre, humilité, ne vous battez jamais pour des idées : faites confiance au temps, à vous et à Dieu surtout. »
Ce message illustre un des principes du Spiritisme : celui-ci ne fait pas de prosélytisme, il ne cherche ni à convaincre, ni à imposer ces idées. Il respecte chez tous la liberté de conscience car toute croyance est respectable à partir du moment où elle amène au bien et qu’elle rend l’homme meilleur.
De plus, la devise du Spiritisme : « hors la charité pas de salut » implique que notre bonheur futur ne sera pas proportionné à notre croyance mais avec la charité dont nous aurons fait preuve envers autrui, pas seulement la charité matérielles, mais surtout la charité morale, la bonté, la bienveillance.
Ainsi, lorsque l’on demande aux Esprits quel est leur religion, ceux-ci nous répondent : « l’Amour. »
Actualités
Une Exposition sur l’Art Spirite à Paris
Une exposition sur l’Art Spirite a eu lieu à la Halle Saint-Pierre à Paris du 13 septembre 1999 au 27 février 2000.
Cette exposition regroupe les tableaux de plus de trente-neuf artistes dont certains sont connus comme William Blake, Victor Hugo, Victorien Sardou, Fernand Desmoulin, Marguerite Burnat-Provins ou Magali Herrera. D’autres en revanche sont moins connus tels qu’Augustin Lesage, Joseph-Fleury Crépin, Raphaël, Lonné, Madge Gill, Laure Pigeon, Jeanne Tripier ou Anna Zemankova.
Un livre présentant cette exposition et les différents artistes médiums est disponible à la bibliothèque du Centre Spirite Lyonnais.
Bertrand Piccard, Johnny Depp, et la main invisible
Bertrand Piccard, après avoir bouclé sont tour du monde en ballon, a déclaré sur TF1 le 21 novembre 1999 à 19 heures à Ruth Elkrief que lui et son coéquipier n’auraient jamais pu accomplir cet exploit si une main invisible ne les avait pas guidés et protégés durant leur périple.
De même, à l’occasion de la sortie du film Spleepy Hollow, Johnny Depp a déclaré sur Canal +, lors du Journal du Cinéma, qu’il croyait à une autre dimension autre que celle que nous voyons et qu’il avait le sentiment d’avoir été pris en charge, guidé et protégé par une force invisible au cours de sa vie.
Dossier spécial : Lyon et le Spiritisme
Un peu d’histoire
L’origine de la ville de Lyon remonte au temps gaulois. Elle s’appelait alors Condate, mot celtique qui veut dire confluent. Contrairement à l’idée reçue, Lyon ne doit pas son nom au célèbre animal, qui est pourtant l’emblème de son blason, mais à un dieu gaulois : Lug, le protecteur des voyageurs. Les romains renommèrent la ville Lugdunum, et lui donnèrent le titre de capitale des Gaules. Il existe deux étymologies possibles de Lugdunum. La première veut dire en latin la colline du dieu Lug (en référence à la colline de Fourvière), quant à la seconde étymologie possible, elle serait une transcription de Lug de Dannan (Lug de la tribu de Dana) par Lugdunum.
La ville de Lyon ne portait pas le nom du protecteur des voyageurs sans raison : de par sa position géographique, elle fut le carrefour de nombreux échanges marchands et culturels au cours de son histoire, notamment grâce à ses célèbres foires. Bâtie sur la voie Rhône-Rhin, située à égale distance entre Londres, capitale de l’anglicanisme et de la franc-maçonnerie, et Rome, capitale du catholicisme, elle est aussi située entre le Puy de Dôme, ancien pôle celtique, et Genève, capitale du calvinisme. Lyon connut ainsi un brassage exceptionnel de cultures religieuses ou philosophiques. Elle fut notablement influencé par deux grands courants : le Celtisme et le Christianisme.
Le Celtisme qui a laissé peu de traces physiques a en revanche profondément marqué l’inconscient des lyonnais qui ont toujours conservé une forte croyance en l’Au-delà. Rappelons que la doctrine des Druides reposait sur trois grands principes : un Dieu unique, éternel et infini, l’immortalité de l’âme, et son évolution à travers les vies successives. La croyance en l’immortalité était si forte chez les gaulois que ceux-ci allaient jusqu’à se prêter de l’argent à se rembourser dans l’autre monde. La Bretagne, qui a longtemps été la citadelle du Celtisme en Gaule, a plus qu’aucune autre partie de la Gaule conservé la ferme croyance en l’Au-delà, à sa vie invisible, à la présence et aux manifestations des défunts. Maurice Privat dans son livre Lyon, ville secrète ira jusqu’à comparer l’analogie qui existe entre les lyonnais et les bretons : les bretons qui ont partout la nostalgie de leur village se sentent chez eux à Lyon, et la réciproque est vraie : les lyonnais se sentent chez eux au pays de Brocéliande.
Le Christianisme allait ensuite entrer dans la conscience lyonnaise par un épisode marquant : le sang innocent des martyrs chrétiens. En 177 sous le règne de Marc-Aurèle, Les chrétiens furent persécutés : 48 d’entre eux périrent face aux fauves dans l’amphithéâtre de la Croix-Rousse. Leurs corps furent brûlés et leurs cendres jetées dans le fleuve afin qu’il n’en restât pas même une trace sur la terre. Pothin, alors évêque de Lyon, fut le premier d’entre eux à périr, en répondant à son bourreau qui lui demandait qui était son Dieu : tu le connaîtras si tu en es digne. Que pouvait-on reprocher à ces hommes sinon leur foi en Christ ? Consultons les historiens latins : Suétone parle de leur religion comme d’une superstition nouvelle et malfaisante, et Tacite les accuse de professer la haine du genre humain. Malgré les menaces, ce sang versé eut pour effet d’inciter de nombreux gallo-romains à se détacher des cultes païens et à se convertir au Christianisme.
Ces deux courants de pensée, l’enseignement de Jésus tourné vers la douceur et la charité, et l’enseignement druidique plus viril, où l’être doit conquérir les vertus par ses mérites, bien que différents à première vue, étaient semblables sur de nombreux points : Unité de Dieu, immortalité de l’âme. En effet, ils émanaient tous deux d’une même source d’origine surhumaine : les Druides étaient des médiums puissants qui puisaient leurs enseignements directement du monde invisible ; quant à Jésus, il est sans comparaison possible le plus grand médium que la terre ait connue.
Une naissance historique
Un autre fait allait marquer Lyon : la naissance le 3 octobre 1804 au 76 rue Sala de Denizard Hippolyte-Léon Rivail, le codificateur du Spiritisme.
L’esprit protecteur de celui-ci, Zéphir, lui donna une communication dans laquelle il lui apprenait qu’ils s’étaient connus dans une précédente existence, au temps des Druides. Il était lui-même Druide et s’appelait alors Allan Kardec. De plus, avant d’avoir été Rivail, L’esprit d’Allan Kardec avait eu une autre incarnation en 1369 à Prague, il fut le prêtre et philosophe Jan Hus qui fut excommunié de l’Eglise à cause de son combat obstiné contre le commerce des recouvrements d’indulgences et la confession auriculaire et notamment pour n’avoir reconnu le seul Christ comme souverain unique de l’Eglise. Il tomba dans un piège et fut condamné à mourir par le feu. Il périt sur le bûcher le 6 juillet 1415. Il est intéressant de noter la curieuse analogie qui existe entre Prague et Lyon, ces deux aïeules des grandes villes européennes : située elle aussi à la croisée des chemins de l’Europe, Prague fut de même le lieu d’une foi vive et d’une forte croyance en l’Au-delà. Jean-Louis Bernard dira qu’elle est l’homologue de Lyon en Europe centrale dans son livre Histoire secrète de Lyon et de Lyonnais.
Allan Kardec portait donc en lui les fruits de ces deux grands courants de pensée qui avait tant influencé Lyon et la France : le Celtisme et le Christianisme, et, ce n’est pas par hasard qu’il fut choisi pour codifier le Spiritisme, trait d’union entre ces deux grandes doctrines que sont le Druidisme et le Christianisme, et qui a, comme elles, sa source dans le monde invisible. Le spiritisme n’est pas une doctrine nouvelle, écrivait Léon Denis mais une résurrection des doctrines des anciens Druides qui avaient une connaissance approfondie du monde invisible et des lois qui le régissent. (Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la tombe d’Allan Kardec soit un dolmen ; tombe toujours présente au cimetière du Père-Lachaise à Paris.) La force du Spiritisme consiste dans les preuves qu’il donne du monde invisible et dans son enseignement qui résume les principes essentiels de toutes les religions, les éclaire, les complète et les adapte aux besoins des temps modernes. Aussi, le Spiritisme, annoncé par le Christ comme le consolateur, explique en termes clairs et sans équivoque ce que Jésus a dit en paraboles.
Le mouvement spirite à Lyon
En 1852, on s’adonne dans toute la France à un nouveau passe-temps : les tables tournantes. On s’amuse ainsi à se faire peur en évoquant et en dialoguant avec l’esprit des morts, le plus souvent par méthode des « coups frappés ». Ce nouveau divertissement venait d’outre-Atlantique où, cinq ans auparavant, l’Amérique avait été bouleversé par l’histoire des sœurs Fox, deux adolescentes qui entretenaient un dialogue avec l’esprit qui hantait leur maison.
A Lyon, où la mode du magnétisme avait gagné les salons dès 1835, La Danse des Tables prépara bon nombre de sceptiques, d’incrédules, à écouter, et à discuter les principes philosophiques qu’un glorieux enfant de la ville, M. Denizard Hippolyte-Léon Rivail, devait déduire de ces phénomènes, et proclamer bien haut sous le pseudonyme d’Allan Kardec. Celui-ci vînt à Lyon en septembre 1860 où un banquet fut organisé en son honneur ; le responsable du groupe spirite des Brotteaux invoque ce jour-là l’esprit d’un martyr lyonnais qui avoue que ce banquet est en tous points comparables aux agapes des premiers chrétiens.
Allan Kardec écrira dans la Revue Spirite de novembre 1860 : « Mais, c’est surtout à Lyon que les résultats sont les plus remarquables. Les spirites y sont nombreux dans toutes les classes, et, dans la classe ouvrière, ils se comptent par centaines… En résumé la propagation du Spiritisme marche avec la rapidité la plus encourageante. » Il ajoutera : « Eh bien ! Messieurs, je vous le dis avec bonheur, ici à Lyon, nulle part je n’ai vu qu’on s’occupât du Spiritisme par pure curiosité ; nulle part je n’ai vu qu’on se servit des communications pour des sujets futiles ; partout le but est grave, les intentions sérieuses… et ce n’est pas sans raison, je le vois, que les Esprits m’ont répondu l’autre jour, par l’un de vos médiums les plus dévoués, alors que je leur exprimais ma surprise : Pourquoi t’en étonner ? Lyon a été la ville des martyrs ; la foi y est vive, elle fournira des apôtres au Spiritisme. Si Paris est la tête, Lyon sera le cœur. »
Au cours de ce voyage en 1860 il y a alors de nombreux groupes de famille mais un seul groupe public important : celui de M. Dijoud, chef d’atelier des Brotteaux. L’année suivante, c’est l’éclosion, des groupes importants ont surgi de tous côtés : à la Croix-Rousse, à Vaise, à Saint-Just, à Perrache. C’est à cette date que fut aussi créée la Société Spirite Lyonnaise par M. Deprêle et Chevalier. De quelques centaines d’adeptes en 1860, le mouvement spirite passe à plus de 30 000 adhérents en 1862 !
Henri Sausse, le biographe lyonnais d’Allan Kardec, écrira à propos des réunions spirites d’alors : les auditeurs, empilés sur des bancs comme des brochettes de moineaux, étaient aussi serrés que possible. Il ajoutera : Malgré quelques divergences de vue entre les groupes, le Spiritisme à Lyon faisait son chemin à pas de géant… L’esprit de tolérance était tellement à l’ordre du jour, et le désir de propager la philosophie nouvelle si ardent parmi ses premiers pionniers, que les sacrifices d’amour-propre leur paraissaient tout naturels, lorsque le spiritisme naissant y trouvait son compte. »
Les années difficiles
Le 31 mars 1869, le décès subit d’Allan Kardec plonge la grande famille spirite dans le deuil. A peine remis de la douloureuse émotion produite par ce brusque départ, une nouvelle épreuve terrible tombe alors : la guerre franco-allemande de 1870. Après la guerre, le constat est grave : nombreux sont les anciens membres qui sont restés au champ d’honneur ; les journaux locaux dont le Spiritisme à Lyon ont disparu ; et, même s’il existe de nombreux petits groupes intimes, ceux-ci n’ont plus de rapports les uns avec les autres et le Spiritisme à Lyon souffre d’un manque de cohésion dans ses divers organes.
Christine Bergé écrit dans son livre L’au-delà et les lyonnais : En 1873, à l’heure de l’ « Ordre moral », on ne rit pas. Lyon est sous la férule du sinistre préfet Ducros, qui établit des mesures prohibitives pour les associations. L’ensemble des groupes spirites de Lyon ne put offrir aucune résistance aux mesures prohibitives de ce préfet à poigne. Seule la Société Spirite Lyonnaise, animée par M. Deprêle et Chevalier, continua ses réunions publiques dans une cave au cours Charlemagne. Une assistance nombreuse venait alors assister à ces réunions, malgré les menaces de poursuites dont le groupe faisait l’objet, étant assimilé à ce moment aux anarchistes et regardé comme suspect.
La Fédération Spirite Lyonnaise
Le 6 mai 1883, M. Leymarie profita de son passage à Lyon pour réunir une assemblée générale où furent invités plus de mille personnes, représentant une trentaine de groupe, afin de jeter les premiers jalons pour la création d’une Fédération Spirite Lyonnaise ; l’idée fut adoptée avec acclamation. Le 15 juillet suivant, l’assemblée fut convoquée à nouveau, elle comptait alors plus de 250 adhésions mais, par faute d’expérience dans l’organisation de la Fédération, on dût reconnaître qu’au lieu d’organiser une réunion de tous les groupes, on en avait simplement créé un nouveau dont les éléments étaient pris dans tous les autres. Cette nouvelle société changea son nom en Société Fraternelle pour l’étude scientifique et morale du Spiritisme.
En 1885, des pourparlers furent engagés entre la Société Fraternelle et la Société Spirite Lyonnaise en vue de reprendre et d’organiser sur de nouvelles bases la Fédération qui avait échoué une première fois. Cette nouvelle organisation qui n’avait ni adhérent spécial, ni président, ni commission, représentait alors les deux sociétés précédentes, ainsi qu’une trentaine de groupes spirites dont le groupe Amitié, le groupe Solidarité, le groupe Allan Kardec, le groupe du Progrès, le groupe Dauphiné, les groupes Béziade, Guérin, Koch, Garnier, Damian, d’Oullins, de Pierre-Bénite.
La Fédération Spirite Lyonnaise organisa de nombreuses conférences à Lyon avec Léon Denis, Gabriel Delanne, Metzger, de Reyle, etc.
Dès 1887, des pensions furent versées tous les ans par la Caisse de Secours aux vieillards et aux infirmes nécessiteux, afin dit Henri Sausse d’affirmer par des actes la valeur sociale de la Philosophie Spirite.
La Fédération Spirite Lyonnaise n’arrêta pas là son action sociale : Une crèche spirite fut fondée en 1904, 8 place de la Croix-Rousse, afin de recevoir et de soigner gratuitement les enfants confiés, sans distinction de sexe, de religion ou de nationalité.
La crèche fut agrandie tout d’abord en 1924, puis en 1926 par l’Orphelinat Allan Kardec où de jeunes orphelines étaient élevées. La crèche spirite fut reconnue d’utilité publique. De plus, La Fédération fonda en 1917 l’Ecole Spirite Lyonnaise. Et, en 1925, un asile fut financé au profit des vieillards et des nécessiteux.
L’activité de la Fédération Spirite Lyonnaise fut intense et nombre de revues locales existaient alors comme Le Spiritisme à Lyon, le Bulletin des Invisibles, Le bulletin de la Fédération Spirite Lyonnaise, Le Spiritisme Kardéciste, La paix universelle, La Vérité.
Un témoignage émouvant
Toutes ces activités furent financées au moyen de dons, dont voici un exemple, celui de Mme Levet, cité par Henri Sausse : Laissez-moi vous présenter Mme Levet, dont je vous prie de retenir le nom. Elle était devenue devideuse et connut les longues journées d’alors, qui commençaient vers 4 à 5 heures du matin au plus tard, pour se terminer souvent après 9 et 10 heures du soir. Lorsque je la retrouvai, elle était veuve, sans famille, et sentait s’approcher son heure dernière. Elle m’avait fait appeler ; c’était au commencement de 1897, elle me tint à peu près ce langage : « Vous ne savez pas qui je suis, ou vous ne vous souvenez plus de moi, mais voilà bien longtemps que je vous connais. Je me souviens de vous avoir vu à Perrache et aux séances de M. Finet ; je vous avais perdu de vue lorsque je vous ai retrouvé le jour de la conférence de M. Léon Denis, à la Scala. Cette conférence m’a fait tant de plaisir, je l’ai trouvée si belle, si élevée, que je me suis promis de faire revenir M. Léon Denis à Lyon, et à mes frais, et je me suis mise à l’œuvre. Depuis 1887, j’ai économisé tant que j’ai pu sur ma journée, mais je suis à bout de force et je sens que je m’en vais ; aussi, avant de mourir, j’ai voulu vous remettre cet argent pour que vous fassiez revenir M. Léon Denis à Lyon. Tenez, avec cette clef, ouvrez ce tiroir et donnez-le moi ». Tout ému, je fis ce qui m’était demandé. Mme Levet prit un vieux paquet noirci par le temps, le déplia ; il contenait deux petits sacs de toile… Ne croyant pas Mme Levet si proche de sa fin, je voulais refuser cet argent dont elle pouvait avoir besoin. Sur ces instances, je consentis à le recevoir en lui disant qu’il serait placé à la caisse d’épargne et que tant qu’elle vivrait, nous n’y toucherions pas ; qu’il resterait à sa disposition. Le sac contenait 600 francs, économisés sou par sou pendant l’espace de dix ans par une pauvre ouvrière gagnant à peine 40 à 50 sous par journée de travail. Quelques jours après, nous accompagnâmes au cimetière de la Croix-Rousse le convoi de Mme Levet.
Ce fut grâce à la générosité de cette femme de cœur, et aussi au désintéressement de notre dévoué conférencier M. Léon Denis, que cet apôtre du Spiritisme put faire à Lyon cinq séries de conférences qui eurent un succès aussi complet que mérité.
Le déclin du Spiritisme
Le déclin du Spiritisme commença dès 1924 avec les départs successifs des grands pionniers du Spiritisme : le Dr Gustave Geley, Camille Flammarion, Gabriel Delanne, Jean Meyer, Léon Denis. Le départ de ces grands défenseurs du Spiritisme laissa orphelin les spirites de France. De plus, on démasqua au cours des années qui suivirent de nombreuses fraudes chez certains médiums célèbres, qui jetèrent le discrédit sur les phénomènes spirites et en éloignèrent les scientifiques. Ajouté à cela, les bouleversements engendrés par la guerre de 39-45 fit tomber le Spiritisme dans l’oubli en France, La Revue Spirite cessa de paraître en 1940, la Maison des Spirites à Paris fut pillée et les ouvrages brûlés.
Seuls deux groupes spirites ont continué leurs activités après la guerre et existent encore aujourd’hui : La Société d’Etudes Spirites et Psychiques et la Société Jeanne d’Arc.
La première fut fondée en 1885 par le Dr Austin et fut membre de la Fédération Spirite Lyonnaise ainsi que de l’Union Spirite Française. Affectée par la guerre et par le déclin du Spiritisme, elle changera sa raison sociale en 1952 par Société d’Etudes Psychiques en abandonnant l’adjectif « spirite ». Mélangeant aujourd’hui radiesthésie, numérologie, astrologie, parapsychologie, magnétisme et religions orientales, elle ne milite plus en faveur du Spiritisme.
La Société Jeanne d’Arc fut créée en 1903. Quelques amis se réunirent un soir et s’entretinrent de Spiritisme lorsque une petite fille de sept ans eut une vision : Jeanne d’Arc à cheval, tenant une bannière, qui couvrait la chambre où ces amis étaient réunis. A ses pieds se trouvait Jean-Baptiste Vianney, l’assistance était alors loin de se douter de la création d’un groupe d’études. Le père de la fille ayant eu la même apparition, les amis présents n’hésitèrent pas, ils décidèrent de continuer les réunions et d’intituler le nouveau groupe « Jeanne d’Arc ».
La Société Spirite Lyonnaise et le Centre Spirite Lyonnais
La Société Spirite Lyonnaise fut fondée vers 1861 par M. Deprêle et Chevalier. C’est après leurs journées de dur labeur dans une fabrique de boulons et de rivets qu’ils étudièrent le Spiritisme et dirigèrent pendant près de trente ans la Société Spirite Lyonnaise. Durant l’ « Ordre Moral », M. Deprêle et Chevalier continuèrent leurs réunions publiques. Ils durent abandonner leur local au n°3 du cours Charlemagne pour une salle de sous-sol, sorte de cave voûtée. La Société, qui s’installa vers 1886 au 14 cours Charlemagne, sera plus tard dirigée par M. Brun puis par Mme Baujelin avec un dévouement à toute épreuve. Son fils, Paul Baujelin après une vie militante se désincarna le jeudi 5 mai 1988 après avoir légué toutes les archives de la Société Spirite Lyonnaise à une nouvelle association spirite qui venait juste de se former : Le Centre de Doctrine et de Sciences Spirites Lyonnais Allan Kardec ; centre qui changea son nom à l’unanimité, pour plus de simplicité, en octobre 1999 lors d’une assemblée extraordinaire, par : Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec.
Spiritisme à Lyon aujourd’hui
Dans notre société actuelle, après la chute du communisme et les défaillances du système capitaliste, devant l’évidence que l’homme ne peut attendre le bonheur des différents systèmes politiques, celui-ci ressent comme un vide, un désarroi profond ; il ne sait plus quoi espérer de l’avenir. La doctrine des Esprits apparaît alors comme un rayon consolateur, un soleil nouveau qui rappelle à l’homme sa véritable destinée et qui vient combler le vide apporté par le néant des théories matérialistes.
Signe d’un renouveau, un groupe spirite s’est formé récemment à Lyon sous le nom de Cercle Thérèse d’Avila d’Etudes Spiritualistes et Psychiques.
Amis lyonnais et spirites, soyons heureux, car nous avons la noble tâche de diffuser le Spiritisme dans cette grande ville mystique qui a vu naître le magistral codificateur du Spiritisme. Gardons en mémoire le dévouement sans borne dont ont su faire preuve nos aînés, et puisons dans leur exemple la ferveur nécessaire pour accomplir notre travail.